À quelques jours de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le gouvernement Harper est encore une fois montré du doigt, tandis qu'un important fonds international est forcé de ralentir ses activités par manque de financement.

Ottawa n'a toujours pas envoyé son premier chèque de 180 millions de dollars, plus d'un an après avoir promis de verser un demi-milliard de dollars en trois ans au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Dans le milieu de l'aide internationale, personne ne semble douter du fait que le Canada honorera d'ici la fin de l'année l'engagement pris par son premier ministre aux Nations unies, en septembre 2010.

Dans les circonstances actuelles, cependant, plusieurs s'interrogent sur les raisons et l'à-propos de ce délai.

Il y a quelques jours, le Fonds mondial a annoncé qu'il renoncerait à sa prochaine recherche de subventions en raison des contributions réduites de certains pays aux prises avec une conjoncture économique difficile ou rebutés par de récentes allégations de corruption dans des pays bénéficiaires.

L'annonce, qui ne toucherait pas les programmes en cours, a été dénoncée partout dans le monde comme étant catastrophique. Créé en 2002, le Fonds fournit plus de 70% des traitements du VIH dans les pays en voie de développement.

Au cours d'un entretien téléphonique, un porte-parole de l'organisme a pris soin de ne pas dénoncer le Canada. Il a reconnu qu'il est toujours préférable que l'argent entre le plus tôt possible dans ses coffres. Mais «il n'est pas rare que des donateurs attendent la fin de l'année civile pour faire leur contribution», a insisté Andrew Hurst.

Il a ajouté qu'à elle seule, une contribution plus hâtive du Canada n'aurait sans doute pas permis au Fonds d'éviter la position fâcheuse dans laquelle il se trouve actuellement.

Au Canada, le ton au sein de certains groupes se fait néanmoins plus pressant. «Il est absolument fondamental que ce chèque-là arrive», a lancé le directeur général de l'organisme Résultats Canada, Jean-François Tardif. «Ils ont besoin d'argent maintenant. Ils en avaient besoin hier», a renchéri le directeur général du Réseau juridique canadien VIH/Sida, Richard Elliott.

L'Agence canadienne de développement international (ACDI) n'avait toujours pas répondu à nos questions au moment de mettre sous presse.