Le monopole de la Commission canadienne du blé (CCB) sur les cultures du blé et de l'orge dans l'ouest du pays, qui régulait l'agriculture des Prairies depuis des générations, est désormais chose du passé.

Mettre la hache dans cette commission figurait sur la liste des priorités des conservateurs depuis plusieurs années, au même titre que le durcissement des lois pour les criminels et l'abolition du registre des armes à feu.

Alors que les précédents gouvernements conservateurs avaient tous été minoritaires, le parti de Stephen Harper a pu user de sa majorité aux Communes lundi soir pour adopter le projet de loi pour éliminer le contrôle de la CCB sur les ventes de blé et d'orge dans les Prairies.

Le projet de loi C-18 a été adopté à 153 voix contre 120, mettant ainsi un terme au monopole de la commission.

Le premier ministre Harper avait clairement annoncé, le mois dernier, que la CCB n'en avait plus pour longtemps.

Depuis 1943, les fermiers établis de la région de Peace River, au nord-est de la Colombie-Britannique, jusqu'à la limite séparant l'Ontario et le Manitoba, n'avaient d'autre choix que de passer par la CCB pour vendre leur orge et leur blé.

La CCB a été la marque de commerce de l'Ouest canadien pendant des décennies, mais peu à peu, une opposition s'est forgée.

Certains se plaignaient du fait que des fermiers ontariens puissent vendre leurs céréales comme ils l'entendaient. Dans les années 1990, des agriculteurs rebelles avaient séjourné derrière les barreaux pour avoir vendu des quantités symboliques de céréales sans passer par le système de la commission, soutenant qu'il était temps de changer la façon de faire.

Avec l'adoption du projet de loi C-18 aux Communes et une étude au Sénat qui devrait être conclue avant le congé de Noël, l'industrie céréalière de l'Ouest amorcera sa transformation sous peu.

Le ministre fédéral de l'Agriculture, Gerry Ritz, a vanté le projet de loi, mettant de l'avant la liberté économique dont bénéficieront désormais les agriculteurs.

«Les fermiers de l'Ouest canadien ont attendu beaucoup trop longtemps avant d'avoir accès au libre marché pour leurs cultures de blé et d'orge», a-t-il affirmé en point de presse, flanqué de ses homologues des provinces de l'Alberta et de la Saskatchewan, qui tiennent un discours semblable.

Un néo-démocrate a toutefois déclaré que le projet de loi était une erreur.

«Nous assistons à une terrible erreur économique», a lancé Pat Martin, déplorant la précipitation avec laquelle le projet de loi a été adoptée, alors que le gouvernement a imposé à deux reprises la fin des débats sur le sujet.

«C'est un affront à la démocratie», a-t-il ajouté.