Le gouvernement fédéral crée un comité chargé d'évaluer l'état du français dans les sociétés québécoises régies par le Code canadien du travail, notamment les aéroports et les banques.

Le ministre Christian Paradis a fait cette annonce à la Chambre des communes, jeudi, après que des médias eurent fait état de «situations problématiques» dans certaines entreprises, selon un député conservateur.

«Notre gouvernement va mettre sur pied un comité consultatif qui aura pour tâche d'évaluer si un problème existe en ce qui concerne la langue française au sein des entreprises privées qui opèrent dans la sphère fédérale», a déclaré le ministre de l'Industrie.

La décision survient cinq jours après que La Presse eut révélé qu'un haut dirigeant de la Banque Nationale ne parle pas français. Cette situation fait en sorte que toutes les communications dans son service se font en anglais.

La loi 101 impose le français comme langue de travail obligatoire au Québec. Mais plusieurs entreprises échappent à cette règle parce qu'elles sont régies par le Code canadien du travail. Parmi celles-ci, on compte les banques, les comptoirs de Postes Canada et les sociétés de télécommunications.

Le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois ont tous deux déposé des projets de loi visant à renforcer la protection de la langue française dans les entreprises de juridiction fédérale. Celui qu'a déposé le NPD vise à reconnaître aux employés de ces sociétés les mêmes droits linguistiques que ceux qui sont prévus par la Charte québécoise de la langue française.

Ce projet de loi doit justement être étudié en deuxième lecture par la Chambre des communes aujourd'hui.

La chef néo-démocrate, Nycole Turmel, qualifie la création d'un comité de «déplorable».

«Ce n'est certainement pas suffisant, a-t-elle affirmé. Il y a des décisions qui ont été prises depuis qu'on est de retour en Chambre où on aurait pu facilement nommer des personnes bilingues dans des postes.»

Le gouvernement Harper a en effet été durement critiqué, au cours des dernières semaines, pour avoir nommé un juge unilingue anglophone à la Cour suprême et un vérificateur général qui ne comprend pas le français.

Le Bloc québécois, qui a lui aussi déposé un projet de loi pour imposer la loi 101 dans les entreprises de juridiction fédérale au Québec, a qualifié la situation d'«ironique».

«Mais il y a un projet de loi qui est simple, qui est clair, a dit le député André Bellavance. Le gouvernement a toujours refusé d'appuyer ça et là, c'est peut-être le temps de changer justement avec tout ce qui se passe.»