Le ministre québécois de la Justice, Jean-Marc Fournier, rencontrera finalement son homologue fédéral Rob Nicholson à Ottawa mardi.

Le ministre Fournier cherchait à obtenir une telle rencontre depuis plusieurs semaines. Ses tentatives étaient jusqu'ici restées vaines.

Les deux hommes devraient discuter de leurs divergences d'opinions quant au projet de loi omnibus C-10, qui vise à durcir la justice criminelle. Le gouvernement Charest s'oppose vigoureusement à l'approche jugée trop sévère d'Ottawa, notamment en ce qui a trait aux jeunes contrevenants.

La semaine dernière, Jean-Marc Fournier était allé jusqu'à proposer une série d'amendements susceptibles de rendre les changements plus conformes à l'approche québécoise, plus axée sur la réhabilitation.

Les partis fédéraux de l'opposition ont repris ces propositions d'amendement à leur compte. Ils en débattront en comité mardi et mercredi.

À la période de questions lundi, le ministre Nicholson a indiqué que les mesures contenues dans le projet de loi C-10 avaient été réclamées par les ministres de la Justice des provinces.

Par ailleurs, le ministre Nicholson n'a pas cru bon de s'impliquer dans la guerre de mots qui oppose actuellement l'un des porte-parole dans le dossier, le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, à des intervenants québécois, dont le Barreau du Québec et le gouvernement Charest.

La semaine dernière, le sénateur avait accusé Québec d'être «soft on crime», expression utilisée par les troupes de Stephen Harper chaque fois qu'ils veulent dénoncer une approche qu'ils jugent trop laxiste face au crime.

Quelques jours plus tard, le Barreau du Québec a accusé le sénateur de faire dans la démagogie dans ce débat. M. Boisvenu a déclaré que la majorité des membres de l'ordre professionnel étaient des avocats de la défense, tandis que lui défendait les victimes et non les criminels.

«Mécontents que le Québec s'objecte à leur projet de loi en justice, les conservateurs tombent dans la partisanerie aveugle. Et c'est à une personne non élue, le sénateur Boisvenu, qu'ils confient la job de bras», a dénoncé le député bloquiste Jean-François Fortin lors de la période de questions.

«Le ministre de la Justice approuve-t-il les attaques inappropriées du sénateur non élu ou dénonce-t-il les propos méprisants qu'il a tenus?»

Rob Nicholson s'est contenté de défendre le contenu du projet, affirmant à nouveau que le particonservateur avait reçu un mandat majoritaire pour le faire.

Le Parti conservateur avait promis en campagne électorale d'adopter le projet de loi C-10 en 100 jours.