Haïti a mieux à faire de ses ressources que de ressusciter son armée, estime le gouvernement canadien.

Le président Michel Martelly doit annoncer aujourd'hui le retour des forces armées d'Haïti, qui ont été démantelées il y a 17 ans. Il concrétisera du coup une promesse formulée lors des dernières élections, mais non sans faire grincer des dents les pays engagés dans la reconstruction.

Cette initiative «semble prématurée», estime la ministre d'État canadienne aux Affaires étrangères, Diane Ablonczy.

«Le Canada craint que la création d'une seconde force de sécurité réduise de manière significative les ressources disponibles pour les autres priorités importantes d'Haïti», a indiqué son porte-parole à l'Associated Press.

L'aide étrangère constitue de 60% à 70% du budget annuel du gouvernement haïtien. Le recrutement d'une force de quelque 500 soldats pourrait coûter environ 25 millions.

Malgré tout, la mesure est très populaire en Haïti, d'autant plus que la MINUSTAH, force de l'ONU qui patrouille dans le pays depuis le renversement de Jean-Bertrand Aristide, en 2004, est accusée d'avoir propagé le choléra.

Le président Martelly soutient que des forces armées sont nécessaires pour protéger les frontières, aider des victimes en cas de désastre naturel et protéger les rares forêts qui restent au pays.

Renforcer la police

À l'instar de Washington, de l'Union européenne et du Brésil, Ottawa estime qu'Haïti doit renforcer sa police nationale plutôt que créer une armée. La force policière compte 8000 membres, et le Canada participe activement aux efforts pour la réformer.

Jean-Bertrand Aristide a démantelé l'armée haïtienne lorsqu'il est revenu au pouvoir en 1995. Il avait été renversé par un coup d'État en 1991.