Comme lors du premier débat de la course à la chefferie du Bloc québécois, il y a une semaine, Maria Mourani a continué de faire valoir que le Québec devait lutter pour obtenir de nouveaux pouvoirs en attendant de faire la souveraineté, s'attirant les foudres de ses adversaires.

L'un d'eux l'a même accusée de vouloir faire du Bloc un «parti fédéraliste» qui accepte la situation du Québec au sein du Canada.

Les candidats à la succession de Gilles Duceppe se sont affrontés mardi soir dans le cadre d'un deuxième débat, à Montréal. Environ 250 militants - mais pas Gilles Duceppe - se sont rassemblés pour assister aux échanges.

«On continue à parler d'indépendance, de faire la promotion de l'indépendance, mais en attendant l'indépendance, on va aller chercher des pouvoirs à Ottawa», a expliqué Mme Mourani.

«Et s'il faut faire des demandes de changements constitutionnels, on va le faire.»

Dans l'un des rares échanges tendus de la soirée, l'un de ses adversaires lui a rapidement asséné une véritable gifle politique.

«Ce que tu proposes, Maria, c'est un tout nouveau rôle pour le Bloc québécois. C'est un parti qui, dorénavant, sera fédéraliste et qui va tenter de réformer le fédéralisme», a répliqué Jean-François Fortin.

«C'est de mentir aux Québécois, et de faire de la démagogie, que de faire croire aux gens qu'on peut réformer le Canada.»

Concrètement, la députée d'Ahuntsic a mis de l'avant l'idée de créer un code criminel propre au Québec pour s'opposer au durcissement du droit pénal prôné par le gouvernement Harper. Même Jacques Parizeau lui aurait donné son appui dans ce dossier, a-t-elle dit au public.

Les deux autres candidats à la chefferie, Jean-François Fortin et Daniel Paillé, ont plutôt fait valoir que la seule façon pour le Québec de décider de son avenir était de se transformer en pays.

Et selon M. Paillé, le mandat majoritaire de Stephen Harper à Ottawa facilitera la tâche au Bloc québécois. Les conservateurs changeront à ce point le Canada que les Québécois n'auront qu'une envie, dans quatre ou cinq ans: le quitter.

«La souveraineté va devenir évidente, a-t-il répété tout au long de la soirée. Après 47 mois de gouvernement Harper pro-pétrolier, pro-sables bitumineux, pro-pipeline, le Québec va avoir besoin de son oxygène.»

Le Bloc, à gauche?

Jean-François Fortin, Maria Mourani et Daniel Paillé ont aussi abordé les relations entre le Bloc québécois et le milieu syndical.

M. Paillé, un vétéran politique proche de M. Duceppe, a candidement admis que sa formation s'était peut-être trop rapprochée des syndicats par le passé.

«On a eu l'impression que le Bloc québécois était à la solde, ou très près, du milieu syndical et du milieu gauchiste», a-t-il expliqué.

Selon lui, la souveraineté devrait être remise au premier plan, en incluant tous les militants souverainistes de partout sur l'échiquier politique.

«Je ne veux aucune étiquette, à savoir gauche, droite, en haut, en bas. Je ne veux pas nécessairement une maison rouge ou une maison bleue ou une maison verte, a-t-il illustré. Commençons par se construire une maison.»

Maria Mourani a livré sensiblement le même discours, soulignant que le Bloc québécois ne devait pas devenir un parti de lobbys.

De son côté, Jean-François Fortin a plaidé que son parti devait garder ses bonnes relations avec ses «partenaires» traditionnels.

«Il faut redonner tout le pouvoir à nos militants, et à toutes les associations, incluant les syndicats, qui ont été à la défense des intérêts des Québécois», a affirmé le nouveau venu en politique.

Il ne reste que quatre députés bloquistes aux Communes, dont Mme Mourani et M. Fortin. Ceux-ci ne semblent être inquiets de voir que la course à la chefferie ne déchaîne pas les passions parmi la population.

Jean-François Fortin a même expliqué, après le débat, qu'il valait peut-être mieux que sa formation politique soit «sous le radar» pendant quelques temps pour renaître sur des bases plus solides.

Plus tôt dans la journée, l'un de leurs collègues du caucus, André Bellavance, s'est officiellement rangé derrière Daniel Paillé dans la course.

Lors du premier débat, mardi dernier à Québec, Maria Mourani avait également préconisé de nouvelles négociations constitutionnelles avec le Canada d'ici à ce que le Québec accède à la souveraineté.

Ce débat avait rassemblé quelque 200 militants.