Le Parti libéral a trop tenté de ressembler au Nouveau Parti démocratique lors des dernières élections et a laissé la voie libre aux conservateurs pour qu'ils occupent le terrain de la crédibilité économique.

C'est le constat que fait l'ancien chef Stéphane Dion, dans un discours intitulé Le Parti libéral aura-t-il un avenir digne de son histoire? qu'il a prononcé la semaine dernière devant des partisans, à Halifax.

Tandis que le PLC poursuit son introspection à la suite de la pire défaite de son histoire, le député de Saint-Laurent-Cartierville a dressé un portrait parfois brutal de la situation, en plus de faire son mea-culpa.

Il a évoqué deux causes pour expliquer les piètres résultats de son parti aux élections de 2008 et de 2011. D'abord, le fait d'avoir laissé au Parti conservateur la possibilité de dépeindre le chef libéral à sa façon, et ce, avant même que la campagne ne commence. Ensuite: «Il nous sera très difficile de gagner la prochaine campagne électorale si nous abandonnons le champ de la crédibilité économique aux conservateurs», a-t-il insisté.

Selon lui, son Plan vert et sa taxe sur le carbone ont fait en sorte qu'il a été «perçu comme le candidat d'un seul enjeu, l'environnement».

«J'ai échoué à établir ce lien entre l'économie et l'environnement dans la tête des Canadiens et nous en avons payé le prix», peut-on lire dans une version française de son allocution, qu'il a distribuée par courriel mercredi.

«En 2011, je suis sûr que Michael Ignatieff a parlé d'économie dans ses discours, a-t-il ajouté. Mais les électeurs ne l'ont pas entendu, ni même les candidats libéraux affairés dans leurs circonscriptions.»

«En pleine incertitude mondiale, nous donnions l'impression d'abandonner le thème de l'emploi et de la sécurité économique aux conservateurs de Stephen Harper. Nous voulions trop ressembler au NPD. Les électeurs de ce parti ont préféré l'original à la copie, tandis que plusieurs de nos électeurs préoccupés par l'économie nous ont désertés pour les conservateurs.»

Il écarte cependant la possibilité que les libéraux fédéraux soient sur le point de disparaître.

Le PLC-Québec

Est-ce un hasard? Le chef intérimaire Bob Rae a prononcé un discours sur le thème de l'économie, mercredi, dans lequel il a insisté sur l'importance d'appuyer la prospérité de la classe moyenne; sur la création d'un code fiscal plus clair plutôt que d'adopter des réformes à la pièce; et sur celle d'éviter les raccourcis populistes dans la préparation de programmes.

Autre manifestation de l'introspection libérale, par ailleurs: le conseil de direction proposera demain des pistes de réflexion pour tenter de redonner du lustre au parti, en vue de son congrès de janvier prochain. Les suggestions devraient inclure la possibilité de suivre l'exemple américain des primaires pour élire le prochain chef. Cela signifie que tous les Canadiens pourraient voter - et pas seulement les membres du Parti libéral.

Il semble toutefois que les hautes instances du parti ne proposeront pas d'abolir les ailes provinciales de la formation (comme le PLC-Québec), contrairement aux informations qui circulaient depuis plusieurs mois.