D'ici l'accession du Québec à la souveraineté, la candidate à la direction du Bloc québécois Maria Mourani préconise de nouvelles négociations constitutionnelles avec le Canada.

Mme Mourani s'est retrouvée complètement isolée sur cette question mardi soir face à ses adversaires Daniel Paillé et Jean-François Fortin lors du premier débat des trois candidats à la succession de Gilles Duceppe, tenu devant environ 200 militants à Québec.

Il faut rompre avec l'attentisme, faire des alliances avec les autres provinces et réclamer des pouvoirs, a fait valoir la députée d'Ahuntsic.

«Je ne comprends pas cette religion qui consiste à penser qu'il ne faut pas toucher à la constitution. Je trouve ça aberrant de laisser le fédéral décider de nos lois (...) On a peur de se faire dire non et on ne tente plus rien. Mais nous, la nouvelle génération, on est tanné. Nous, on va les faire les demandes s'il le faut, on n'a pas peur du passé», a dit la candidate qui a obtenu l'appui du Forum jeunesse du Bloc dans la course au leadership.

Outrée par la teneur du projet de la C-10 qui durcit les dispositions du Code criminel, Mme Mourani croit que le Québec doit entreprendre de nouveaux pourparlers fédéral-provincial pour rapatrier, en priorité, tous les pouvoirs en matière criminelle.

«On ne va pas se croiser les doigts et attendre que M. Harper décide de mettre nos enfants de 16 ans en prison, on ne va pas se faire imposer des valeurs qui ne sont pas les nôtres», a-t-elle argué.

Mme Mourani s'est défendue d'abandonner la cause souverainiste au profit du fédéralisme renouvelé. Des négociations constitutionnelles ne sont pas incompatibles avec l'idéal de l'indépendance, a-t-elle insisté.

«Ce n'est pas faire le jeu du fédéralisme, on travaille pour l'indépendance mais en attendant, on ne se croise pas les bras. On va récupérer des pouvoirs et le jour où on fera l'indépendance, on en aura moins à négocier», a poursuivi la candidate-députée.

Ses adversaires ont cependant tous deux jugé ce scénario irréaliste.

Énumérant les échecs passés, M. Paillé a déclaré que la reprise des pourparlers constitutionnels ne faisait pas partie de son agenda.

A ses yeux, la seule façon pour le Québec d'accroître sa marge de manoeuvre politique est d'accéder à la souveraineté.

«Je suis conscient de l'histoire et je ne suis pas au Bloc québécois pour recommencer les conférences fédérale-provinciales pour changer telle ou telle affaire. Je pense qu'il faut un réalisme, de l'expérience et ne pas essayer de réinventer le bouton à quatre trous. On a donné», a-t-il dit.

Pour sa part, M. Fortin s'est dit convaincu que le fédéralisme canadien «n'est pas renouvelable».

«Je ne crois pas que ce soit réaliste. Disons les choses honnêtement: le fédéralisme n'est pas renouvelable. Je pense que ce n'est pas le plan de match qu'il faut appliquer. Comme parti souverainiste, nous ne pouvons pas être mi-figue mi-raisin; notre réel but c'est l'indépendance», a dit M. Fortin, seul rescapé de la débâcle de l'élection du 2 mai parmi les nouveaux candidats du Bloc en lice.