Le premier ministre Jean Charest a mis le gouvernement fédéral en garde, mardi, contre la tentation de chercher à rétablir ses finances sur le dos des provinces.

M. Charest a déclaré qu'il agissait ainsi de manière préventive, Ottawa n'ayant manifesté jusqu'ici aucune intention de sabrer dans ses transferts aux provinces.

Mais le premier ministre a rappelé que les libéraux fédéraux avaient procédé de la sorte dans les années 1990.

«Nous insistons sur l'importance que le gouvernement fédéral maintienne la croissance des transferts dans les domaines de la santé, de l'éducation et de la péréquation, a-t-il dit. En d'autres mots, qu'il n'essaie pas de régler son problème d'équilibre budgétaire sur le dos des provinces.»

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a fait le point mardi après-midi sur l'état des finances publiques, annonçant que son gouvernement sera incapable d'atteindre l'objectif de rétablir l'équilibre budgétaire en 2014-15.

En matinée, lors d'une conférence de presse où il a annoncé des moyens supplémentaires pour stimuler les exportations québécoises, M. Charest ne s'est pas prononcé sur l'éventualité de ce report, une information qui circulait déjà dans les médias.

M. Charest a cependant clairement insisté sur l'importance que le fédéral maintienne la croissance prévue dans les transferts aux provinces, notamment en santé, en raison de la hausse des coûts provoquée par le vieillissement de la population.

«On s'attend à ce que le gouvernement fédéral soit un partenaire qui est prévisible et qui va faire sa part», a-t-il dit.

Le premier ministre a rappelé que son gouvernement a toujours l'intention d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2013-14. Il a aussi vanté les efforts de Québec pour contrôler la croissance des dépenses.

«On croit que le gouvernement fédéral doit faire la même chose, a-t-il dit. Pas question qu'il équilibre le budget sur le dos du Québec.»

M. Charest a affirmé que son expérience lui a enseigné l'importance de surveiller le gouvernement fédéral de près lorsqu'il est question des transferts aux provinces.

«Mon expérience m'a appris qu'il vaut mieux être préventif dans ce domaine-là», a-t-il dit.

Lors d'un point de presse qui a suivi, M. Charest a accusé le cofondateur de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ), François Legault, de tenir des propos contradictoires relativement aux paiements de péréquation que le Québec reçoit du fédéral.

M. Charest a évoqué une étude sur l'impact de la souveraineté sur les finances publiques, effectuée par M. Legault en 2005, alors qu'il était au Parti québécois.

«Dans son budget de l'an 1, François Legault prétendait que le Québec payait plus que ce qu'il recevait, a-t-il dit. Là, François Legault est en train de dire que la péréquation, c'est de l'argent qu'on reçoit, de plus que ce qu'on paie. Ça fait partie, à mon avis, des nouvelles contradictions de François Legault.»

M. Charest a jugé que cela témoigne de la confusion caractérisant la position de M. Legault face au gouvernement fédéral.

«Il est où François Legault dans ses rapports avec Ottawa? Ça va être quoi, François Legault, quand il va parler au gouvernement fédéral? Est-ce que ce sera le fédéraliste, le souverainiste, le gauchiste qui va leur parler? Je ne vois franchement que de la confusion dans le discours», a-t-il dit.

La semaine dernière, M. Legault a affirmé que le Québec est handicapé, dans son rapport de force avec Ottawa, par les paiements de péréquation fédéraux.

Le leader de la CAQ a exprimé le souhait d'améliorer l'économie québécoise pour remédier à cette situation, évoquant même la possibilité que le Québec devienne une province contributrice et non bénéficiaire du programme de redistribution d'Ottawa.