Un recours légal pour bloquer la nomination de Michael Ferguson au poste de vérificateur général aurait de bonnes chances de succès, estime un expert en droits linguistiques. Car, selon lui, le choix de cet anglophone unilingue par le gouvernement Harper viole la Charte des droits et libertés.

L'avocat franco-ontarien Ronald Caza, du cabinet Heenan Blaikie, connaît bien les litiges qui touchent les minorités linguistiques. Il a mené -avec succès- une offensive légale pour sauver l'unique hôpital francophone de l'Ontario, Montfort, que le gouvernement de Mike Harris souhaitait fermer, à la fin des années 90. Il a également combattu une loi québécoise qui restreignait l'admissibilité aux écoles privées anglophones.

«C'est un manque de respect des plus fondamentaux, tranche l'avocat en entrevue. Comment voulez-vous nommer quelqu'un dans un poste clé qui ne peut même pas communiquer avec des millions de Canadiens dans leur langue officielle?»

La Charte canadienne des droits et libertés garantit l'égalité du français et de l'anglais au pays, fait-il valoir. Et elle garantit le droit du public à communiquer avec les institutions fédérales dans la langue de leur choix.

Selon Me Caza, il est impensable que M. Ferguson puisse s'acquitter de ces tâches sans maîtriser le français. Tout comme un francophone unilingue serait incapable de rencontrer des témoins et éplucher des documents en anglais.

Un autre avocat, qui a préféré ne pas être nommé, estime que la nomination de M. Ferguson pourrait violer les droits de ses employés, puisque la loi permet aux fonctionnaires de travailler dans la langue de leur choix.