Le premier ministre Stephen Harper a confirmé la nomination d'un vérificateur général unilingue anglophone, vendredi, malgré la grogne qui s'accentue face à sa décision.

Plus tôt dans la journée, un membre du comité de vérification interne du Bureau du vérificateur général, Michel Dorais, a remis sa démission en citant comme motif la nomination de Michael Ferguson.



«Bien que sa compétence en vérification ne fasse aucun doute, je crois que la nomination d'un vérificateur unilingue en 2011 constitue une grave erreur de parcours», a écrit M. Dorais, un ancien sous-ministre fédéral devenu consultant.  



«Pendant toute ma vie professionnelle, j'ai milité pour que la Fonction publique soit bilingue», a renchéri celui qui a passé 31 ans dans l'appareil gouvernemental.



Cette démission s'est ajouté à une demi-douzaine de plaintes qui ont déjà été déposées au Commissariat aux langues officielles. La Fédération des communautés acadienne et francophones du Canada a ajouté la sienne cet après-midi: «En choisissant le nouveau vérificateur général, on a passé outre à un des critères d'embauche pourtant clairement indiqués dans l'avis de poste vacant», a dénoncé la présidente de la FCFA, Marie-France Kenny.



Mais Stephen Harper est resté de marbre. Dans un communiqué de presse laconique diffusé en milieu d'après-midi, il a signalé son refus de céder aux pressions de plus en plus fortes exercées sur lui.



«Le premier ministre Stephen Harper a salué aujourd'hui de l'entrée en fonction du nouveau vérificateur général du Canada, Michael Ferguson, peut-on lire dans le document. La nomination a été approuvée récemment par le Sénat et la Chambre des communes et prendra effet le 28 novembre.»

Dans les faits, le NPD a voté contre et le Parti libéral a boycotté le vote tenu à la Chambre des communes jeudi. Les deux partis ont demandé au gouvernement de reprendre le processus, faisant valoir que l'avis de poste vacant publié dans la Gazette du Canada établissait clairement le bilinguisme comme l'un des critères de l'embauche.

La nomination du nouveau vérificateur fait même des mécontents au sein-même du caucus conservateur: La Presse a révélé vendredi que le sénateur montréalais Léo Housakos a critiquait ouvertement la décision de son parti. «Qu'on nomme un vérificateur général qui ne parle pas français est épouvantable, a déploré M. Housakos. Un officier du Parlement doit à mon avis être bilingue. Ce n'est pas plus compliqué que cela.»



Michael Ferguson est comptable agréé et aexercé les fonctions de vérificateur général du Nouveau-Brunswick de 2005 à 2010. Il est actuellement sous-ministre des Finances et secrétaire du Conseil de gestion dans le gouvernement conservateur du Nouveau-Brunswick.



C'est la deuxième fois en quelques semaines que la nomination d'un unilingue anglophone à un poste névralgique fait des vagues à Ottawa. Il y a deux semaines, celle de Michael Moldaver à la Cour suprême du Canada avait aussi été dénoncée pour les mêmes raisons.



Tant M. Moldaver que M. Ferguson ont promis d'apprendre à parler français dans les plus brefs délais.