Le NPD veut récupérer un actif qui a pris beaucoup de valeur au Québec depuis les élections du 2 mai: son nom.

Le NPD a envoyé 59 députés québécois à la Chambre des communes aux dernières élections. Une récolte historique qui lui permet aujourd'hui de former l'opposition officielle.

Dans la foulée de ce scrutin historique, certains souhaitent ressusciter le défunt Nouveau Parti démocratique du Québec. Ce parti provincial, rebaptisé Parti de la démocratie socialiste en 1995, a fusionné avec l'Union des forces progressistes en 2002.

Ce n'est toutefois pas un militant de gauche qui a lancé cette démarche en premier, mais bien une sympathisante du Parti conservateur. Deux semaines après les dernières élections, Michelyne Chénard-St-Laurent a enregistré le «Nouveau Parti démocratique du Québec» auprès du Directeur général des élections (DGEQ).

Originaire de Québec, Mme Chénard-St-Laurent est une avocate au long cours qui a plaidé devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Ancienne réformiste, elle se décrit comme une passionnée de politique et une sympathisante du Parti conservateur. Elle tenait mordicus à ce que le nom de son parti comprenne le mot «démocratique».

«Je ne trouvais pas de nom», a-t-elle confié en entrevue à La Presse.

Puisque l'Action démocratique du Québec était à l'époque en chute libre dans les sondages, elle a choisi un autre nom, beaucoup plus en vogue: le Nouveau Parti démocratique du Québec. Elle l'a enregistré auprès du DGEQ le 18 mai.

Le règlement donnait six mois à Mme Chénard-St-Laurent pour recruter des membres, recueillir des fonds et lancer sa nouvelle formation. Mais l'avocate a abandonné son projet. Elle s'est plutôt ralliée à la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault.

«Je ne renouvellerai pas ma réservation, je veux laisser la chance aux jeunes», explique-t-elle.

La réservation de l'avocate est valide jusqu'au 18 novembre, une date que le NPD a depuis longtemps encerclée sur son calendrier. Le parti fédéral souhaite récupérer son nom, dit sa directrice par intérim, Chantal Vallerand, qui estime «surprenant» qu'une sympathisante conservatrice l'ait ainsi réservé.

«On peut comprendre que des gens veuillent récupérer notre succès électoral, mais on ne veut pas que notre nom tombe entre les mains de gens qui l'utiliseraient à de mauvaises fins», explique-t-elle.

Mme Vallerand assure que ses services seront «les premiers sur le téléphone» le matin du 19 novembre. Et pour cause: le règlement prévoit que les réservations qui touchent les noms de partis sont accordées sur la base du premier arrivé, premier servi. Et il n'existe aucun mécanisme pour contester une réservation, explique le porte-parole du DGEQ, Denis Dion.

Pas de succursale au Québec

Malgré son succès aux élections fédérales, en mai, le NPD n'entend pas se lancer en politique provinciale de sitôt. Le parti, qui a perdu son chef Jack Layton cet été, est en pleine course à la direction, et le sera jusqu'au mois de mars.

«On a des choses à faire à court et à moyen terme, on travaille fort à notre course à la direction, on veut consolider notre présence par nos associations de circonscriptions, dit Chantal Vallerand. Il n'y a pas une volonté immédiate de lancer un parti provincial chapeauté par le NPD.»

Des militants du Saguenay-Lac-Saint-Jean rassemblés autour de l'ex-militant libéral Alexis St-Gelais souhaitent lancer un parti de gauche fédéraliste. Le regroupement a voulu prendre le nom du NPD-Québec. Mais il a laissé tomber après avoir eu des échanges avec le parti fédéral.

«Pour nous, c'est la meilleure façon qu'on trouvait pour se décrire, parce que, idéologiquement, nous sommes très, très proches», résume M. St-Gelais.