Le Nouveau Parti démocratique (NPD) reprend à son compte une des luttes du Bloc québécois à Ottawa. Mais la nouvelle opposition officielle se vante de faire les choses autrement et bien mieux parce qu'elle évite «la confrontation».

Les quelques bloquistes qui restent au parlement fédéral estiment plutôt que l'approche néo-démocrate est «molle».

Le député néo-démocrate de Trois-Rivières, Robert Aubin, dépose un projet de loi qui obligerait les entreprises sous juridiction fédérale, comme les banques, à offrir un milieu de travail en français à leurs employés au Québec.

«Ce projet de loi a reçu l'appui unanime du caucus des députés NPD qui, comme vous le savez, est un caucus pancanadien, s'est vanté M. Aubin, vendredi. Ça veut donc dire que cette réconciliation de ce qu'on a appelé pendant des années les deux solitudes ou cette capacité à construire un pays qui fera une place au Québec, ça existe avec le NPD.»

Son collègue d'Outremont, Thomas Mulcair, présent à ses côtés lors de la conférence de presse annonçant le projet de loi d'initiative parlementaire, a fait valoir que l'approche du NPD est plus susceptible d'apporter des résultats concrets.

«On préfère être pratiques, obtenir des résultats concrets et donner un contenu réel à la reconnaissance jusqu'à maintenant plutôt théorique de la nation québécoise», a argué M. Mulcair, qui présente ce projet de loi comme faisant partie d'une «approche réaliste» néo-démocrate face aux demandes constitutionnelles du Québec.

Le député Aubin croit que son projet de loi devrait être adopté sans problème parce que, dit-il, il ne comporte pas d'éléments qui cherchent à provoquer la confrontation, comme c'était le cas dans les nombreux projets de loi sur le même sujet que les bloquistes ont déposés à travers les années.

«Par ce projet de loi, on réussit à mettre en place des éléments qui font l'accord «coast to coast» et qui ne cherchent pas la confrontation, mais bien le rapprochement», a dit M. Aubin.

Son projet de loi, qui doit être débattu cet automne, donnerait le droit aux employés des entreprises régies par le Code canadien du travail d'exercer leurs activités en français et de recevoir les communications de l'entreprise, les offres d'emplois et autres documents en français. Il interdirait le congédiement d'un employé qui exigerait que cette loi soit appliquée. Les institutions fédérales, régies par la loi sur les langues officielles, en seraient cependant exclues.

Cette disposition fait dire au député bloquiste André Bellavance que le projet de loi est «molasson».

«Tant qu'à présenter quelque chose finalement qui ne veut rien dire, qui est sans saveur, sans couleur et qui n'aura aucun effet, c'est aussi bien de ne rien présenter», a dit M. Bellavance.

Et il se défend d'avoir, comme bloquiste, privilégié la confrontation. «Quand on défend le Québec, il n'y a pas de confrontation là-dedans», a-t-il lancé.