Le député néo-démocrate de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, a choisi son camp: il appuie la candidature de Brian Topp dans la course à la direction du NPD.
Cette décision, confirmée mercredi par le principal intéressé lors d'une conférence de presse à Ottawa, risque de faire mal aux ambitions du député Thomas Mulcair, principal adversaire de Brian Topp. M. Mulcair doit annoncer la semaine prochaine qu'il briguera la direction du NPD.
M. Boulerice est le deuxième député influent du caucus du NPD du Québec à donner son appui à M. Topp. La députée de Gatineau, Françoise Boivin, avait été la première à le faire le mois dernier quand M. Topp a confirmé sa candidature.
Élu aux élections fédérales du 2 mai, M. Boulerice a su impressionner plus d'un observateur à la Chambre des communes, notamment par ses attaques contre le gouvernement Harper et le ministre Tony Clement dans le dossier des dépenses entourant le sommet du G8 à Muskoka, en juin 2010.
Devant les journalistes, mercredi, M. Boulerice a indiqué avoir décidé d'appuyer M. Topp en raison de ses racines profondes au NPD, de sa vaste expérience dans la gestion des affaires d'un gouvernement - il a été chef de cabinet adjoint de l'ancien premier ministre de la Saskatchewan Roy Romanow -, de sa maîtrise de la langue française et de ses racines québécoises.
«Brian Topp a été au coeur des succès et des victoires du NPD au cours des dernières années. Il était au coeur du message du discours de Jack Layton et de l'ensemble de l'équipe du NPD. Il va être capable de nous diriger, de nous rassembler et de nous mener à la prochaine étape, qui est de former le prochain gouvernement du Canada. [...] Il va être non seulement un chef extraordinaire pour notre équipe du NPD, mais également un premier ministre du Canada qui va faire un travail incroyable», a affirmé M. Boulerice.
M. Topp cachait mal sa satisfaction d'obtenir l'appui de M. Boulerice quelques jours seulement avant que Thomas Mulcair ne confirme ses intentions à Montréal.
«Nous voulons remplacer le gouvernement Harper. [...] Nous avons un cabinet dans notre caucus. Nous avons une équipe de ministrables fabuleux dans notre équipe du Québec. Une des grandes étoiles de cette équipe est Alexandre Boulerice. Je suis très fier d'avoir son appui aujourd'hui. Je pense que c'est une autre grande étape dans cette course au leadership», a affirmé M. Topp.
M. Boulerice n'a pas voulu préciser les raisons qui l'avaient amené à ne pas appuyer Thomas Mulcair, affirmant qu'il avait longuement réfléchi et que M. Mulcair serait un excellent candidat dans la course.
Il a donc soigneusement évité d'emprunter le même sentier de guerre que certains députés du Québec ont choisi de fouler, dont Alain Giguère, qui a affirmé il y a deux semaines, lorsqu'il a confirmé son appui à Brian Topp, que M. Mulcair ne pouvait mener le NPD à des gains dans le reste du Canada.
«Nous sommes une grande famille au NPD. Si M. Mulcair décide de se présenter, il va être une candidature de qualité. [...] Nous avons eu du succès à la dernière campagne électorale parce que nous avions un message positif. On va continuer à le faire avec la population. On va le faire surtout entre nous. On ne fera pas campagne en étant négatifs», a-t-il dit, ajoutant qu'il avait dû faire un choix «déchirant».
Interrogé au sujet de la décision de M. Boulerice, Thomas Mulcair n'a pas montré de signe d'inquiétude. Il a laissé entendre qu'il aura un appui substantiel de la part de députés néo-démocrates quand il annoncera sa décision.
«Je suis heureux de voir qu'on va avoir une course à la direction qui va être bien pour le parti et qu'on aura un bon brassage d'idées. Tout le monde semble reconnaître l'importance d'avoir un appui parmi la députation, les membres de notre caucus. Je partage cette évaluation. C'est extrêmement important d'avoir un très grand appui parmi la députation et je vous demande de retenir cette idée», a-t-il dit.
M. Topp est perçu comme le meneur de la course à la direction du NPD pour le moment. Il a obtenu l'appui de l'ancien chef du NPD Ed Broadbent, de Roy Romanow et de la leader adjointe du NPD, Libby Davies.
Certains affirment, sous le couvert de la critique, que M. Topp est le candidat de l'establishment, ce qui pourrait être un handicap lorsque les militants eux-mêmes choisiront le chef le 24 mars prochain, à Toronto. Le prochain chef du NPD sera choisi en vertu d'un système d'un membre, un vote.