Le gouvernement fédéral a présenté, mardi, son projet de loi prévoyant l'élimination progressive des subventions versées depuis 2004 aux partis politiques selon le nombre de votes obtenus.

Ce projet de loi a été déposé le même jour où ces allocations, versées par Élections Canada et calculées selon les résultats du scrutin du 2 mai, ont été reçues par les partis. Il s'agit d'un montant total de 7,4 millions $ versé trimestriellement et qui est devenu une importante source de financement pour les partis politiques fédéraux.

En entrevue, le ministre d'État fédéral de la Réforme démocratique, Tim Uppal, s'est dit d'avis que les partis politiques devraient assumer leur propre campagne de financement et ne pas dépendre de l'argent des contribuables.

Cette allocation, qui s'élève actuellement à 2 $ par vote obtenu, passera à 1,50 $, dans trois mois, à 1 $, en 2013, et à 50 cents, en 2014. La prochaine fois que les Canadiens seront convoqués pour une élection fédérale, en 2015, l'allocation n'existera plus.

Cette mesure permettra d'économiser chaque année 30 millions $ en deniers publics.

M. Uppal a rappelé que Stephen Harper était d'avis que le financement public ne devrait pas être écarté complètement, mais que cette forme d'aide devrait dépendre des efforts de chaque parti ou de la volonté des électeurs à donner de l'argent.

Détracteurs et défenseurs des subventions selon le nombre de votes obtenus estiment que cette mesure marquera profondément la politique fédérale.

Selon M. Uppal, cela incitera les partis à consacrer davantage de temps à nouer des relations avec les Canadiens.

Mais Tom Flanagan, un politicologue de l'Université de Calgary qui a déjà été l'un des plus importants conseillers de Stephen Harper, croit que sans ces allocations, il n'y aura pas suffisamment d'argent pour soutenir les libéraux et les néo-démocrates.

«Après la prochaine élection, à moins que les politiques ne changent, je pense que les libéraux et le NPD seront poussés par la nécessité financière à envisager une plus grande coopération», a-t-il affirmé.

Et selon Gerry Nicholls, un analyste politique conservateur et collaborateur du site Web freedomforum.ca, cela correspond à l'objectif des conservateurs.

«Je pense que le gouvernement Harper élimine l'allocation non pas pour la démocratie ou pour économiser l'argent des contribuables, mais plutôt pour détruire le Parti libéral du Canada», a-t-il expliqué.

«Il s'agit d'une décision politique pour nuire aux libéraux», a soutenu M. Nicholls, qui a côtoyé M. Harper au sein de l'organisation National Citizens Coalition.