L'ancien ministre et analyste financier Daniel Paillé songe sérieusement à se lancer dans la course à la direction du Bloc québécois, a appris La Presse.  

L'homme, qui occupe le poste de chroniqueur économique à TVA depuis sa défaite aux dernières élections fédérales, l'a annoncé lundi après-midi à ses patrons. Sa chronique au TVA 18heures a par conséquent été annulée.

Durant l'été, M. Paillé avait fait savoir qu'il ne briguerait pas la direction du parti. C'est à la suite du conseil général du Bloc, le 17 septembre, que l'idée a commencé à germer dans son esprit. «Plusieurs personnes m'ont demandé de me présenter. Le nombre et la qualité de ces personnes m'imposent de faire une réflexion, par respect pour elles et par respect pour la souveraineté», a-t-il confirmé lors d'une entrevue téléphonique.

Au cours des derniers jours, le député sortant du Bloc dans Hochelaga-Maisonneuve aurait subi de fortes pressions de ténors souverainistes pour qu'il se joigne à la course.

«Ça s'est intensifié au cours des derniers jours», s'est-il contenté de dire, sans nommer les gens qui lui ont demandé de se présenter.

Deux autres candidats ont annoncé qu'ils brigueraient le poste de chef du Bloc québécois: le député de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia, Jean-François Fortin, et la députée d'Ahuntsic, Maria Mourani.

Selon nos informations, des membres du clan Fortin sont prêts à quitter le navire pour se joindre à l'équipe de M. Paillé.

Le seul à l'avoir fait ouvertement jusqu'à présent est Nicolas Dufour, ancien député et président du Bloc québécois de Repentigny. «Je voulais t'informer que, dû aux événements de la dernière semaine, j'ai pris la décision de te retirer mon appui pour la course à la chefferie du Bloc québécois», a-t-il écrit dans un courriel adressé à M. Fortin, qu'il a également fait parvenir à une soixantaine de personnes. Plusieurs anciens députés, dont Maria Mourani, ont reçu le courriel.

Par ailleurs, le directeur de campagne de M. Fortin aurait été remercié. Son attachée de presse a également quitté son équipe récemment.

Lors d'une entrevue dimanche soir, Jean-François Fortin a insisté sur le fait que leurs mandats consistaient à l'aider avec sa précampagne seulement et qu'ils avaient fait du bon travail. Il a par ailleurs affirmé qu'il n'y avait pas de dissension dans son équipe et que sa campagne allait bon train.

«Pour avoir parlé, pas plus tard que samedi, à mes porte-parole [les anciens députés qui l'appuient dans les 12 régions du Québec], aucun n'a signifié qu'il quittait ma campagne», a-t-il affirmé.

M. Paillé affirme qu'il ne s'est pas donné de date butoir pour terminer sa réflexion, mais le temps presse. Le processus de mises en candidature au Bloc se termine le 28 octobre. Le vote des membres se tiendra le 11 décembre.

Daniel Paillé a une longue feuille de route en politique. Le diplômé de l'École des hautes études commerciales (HEC Montréal) a été embauché en 1976 au cabinet de Jacques Parizeau, alors ministre des Finances et du Revenu.

Il a été élu pour la première fois en 1994, comme député du Parti québécois dans la circonscription de Prévost. Il a été ministre de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie dans le cabinet de Jacques Parizeau jusqu'en 1996. M. Paillé a été élu au Bloc québécois au scrutin partiel de novembre 2009. À l'instar de la majorité des candidats du Bloc, il a été défait au scrutin de 2011.