Le jeune député Jean-François Fortin est le premier à quitter les blocs de départ: il a annoncé samedi qu'il se lançait dans la course à la succession de Gilles Duceppe.

Et les bloquistes ont décidé de ne pas attendre avant de remplacer leur figure de proue. Les militants voteront en décembre prochain, après une course automnale. Un revers pour Maria Mourani, l'autre intéressée, qui prônait la patience et une course à l'hiver, voire l'année prochaine.

Jean-François Fortin, jeune politicien de 38 ans, compte peu d'expérience parlementaire. Élu pour la première fois le 2 mai dernier dans Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia, il n'aura siégé que quelques jours aux Communes avant les vacances estivales.

M. Fortin a mis de l'avant sa volonté de donner un coup de jeune à la formation politique décimée lors du dernier scrutin. Selon lui, «les résultats électoraux du 2 mai doivent servir de catalyseurs et pousser (le parti) à faire les choses de façon renouvelée».

Une dizaine d'anciens députés du Bloc québécois l'entouraient en signe d'appui pendant son annonce.

Le candidat désire que le parti puisse «(se) rebrancher de façon encore plus étroite sur la réalité quotidienne des communautés».

Le défi sera de démontrer à la population que le Bloc joue un rôle essentiel pour porter la voix du Québec à Ottawa, a-t-il ajouté. L'ancien maire du petit village de Sainte-Flavie admet d'ailleurs volontiers «qu'un travail colossal attend le prochain chef du Bloc québécois».

M. Fortin pourrait bien devoir affronter une adversaire coriace. Maria Mourani, députée rescapée dans Ahuntsic, a déjà fait savoir qu'elle était certaine «à 98 pour cent» de vouloir devenir la première femme à diriger le Bloc québécois. En fin de journée, samedi, elle a souligné en blaguant que les chances «étaient montées à 99 pour cent».

En entrevue avec La Presse canadienne, Mme Mourani avait pris position contre Gilles Duceppe et l'exécutif du parti en favorisant un report de la course à la chefferie.

«J'ai toujours été en faveur d'une course le plus tard possible parce que je pense qu'il faut faire la tournée du Québec pour savoir qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce qu'on veut et comment on veut évoluer», avait-elle affirmé.

«Si les militants décident que le déclenchement va se faire cet automne, ça va me faire plaisir de respecter ce choix-là.»

Mais les bloquistes ont fait la sourde oreille. Ils devront se prononcer en décembre prochain.

Pas du tout la fin du monde, expose Maria Mourani, qui ajoute ne pas se formaliser de ce premier revers.

La députée d'Ahuntsic devrait annoncer sa décision la semaine prochaine. Les députés défaits Pierre Paquette, Daniel Paillé et Bernard Bigras, pourtant des gros calibres, ont quant à eux annoncé qu'ils préféraient passer leur tour.

En fin de journée dimanche, Vivian Barbot, présidente par intérim, a annoncé les modalités du vote.

Les candidats pourront amasser jusqu'à 150 000$ et connaîtront leur sort après une consultation par courrier auprès des membres du parti. L'état-major du Bloc québécois revendique actuellement 53 000 adhérents.

Les militants bloquistes étaient réunis samedi en conseil général à Drummondville pour faire le point sur la situation du parti.

Le Bloc québécois détient quatre sièges aux Communes depuis le scrutin du 2 mai.