Michaëlle Jean plaide que les risques reliés à la sécurité l'obligeaient à voyager à bord d'avions gouvernementaux pendant son mandat comme gouverneure générale du Canada, et ce même lorsqu'elle était en vacances.

L'ancienne représentante de la reine Élizabeth II au Canada a récemment été critiquée après que La Presse eut révélé que ses voyages personnels à bord d'avions gouvernementaux avaient coûté plus d'un demi-million de dollars aux contribuables.

Mme Jean a affirmé à La Presse Canadienne qu'elle n'avait pas eu le choix d'agir ainsi parce que les protocoles de sécurité de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) lui interdisaient d'emprunter des vols commerciaux.

Elle a ajouté que le Canada était engagé dans une guerre en Afghanistan pendant toute la durée de son mandat et qu'elle était une personnalité hautement visible en raison de son statut de commandante-en-chef des Forces canadiennes.

«Si vous suivez la logique de certaines organisations terroristes, j'aurais certainement pu être une cible parce que, lorsqu'elles frappent, elles veulent le faire d'une manière très spectaculaire», a déclaré en entrevue téléphonique l'ex-gouverneure, qui semblait impatiente de donner sa version des faits.

«La GRC ne voulait pas prendre de risques. Je suis désolée, mais c'est le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui. Si les gens veulent contester cela, ils doivent contester le travail de la GRC», a-t-elle tranché.

La Presse avait rapporté que les voyages personnels de Michaëlle Jean à bord des avions gouvernementaux avaient coûté 553 756 $ aux contribuables entre janvier 2006 et septembre 2010, moment où elle a quitté son poste.

Selon l'article, Mme Jean, son mari et leur fille avaient utilisé les appareils du gouvernement durant cette période pour se rendre notamment en Jamaïque, au Mexique, à la Barbade et à leur résidence en France.

L'ancienne gouverneure, qui est entrée en fonction en septembre 2005, a insisté sur le fait qu'elle avait elle-même payé ses vacances, mais qu'elle n'avait pas eu le choix en ce qui concerne le transport.

Elle a précisé que des gardes du corps la suivaient partout où elle allait et que la GRC avait collaboré avec les autorités locales des pays qu'elle visitait afin d'assurer sa sécurité.

La police nationale examinait aussi les endroits où elle devait séjourner avant son arrivée et avait installé des caméras de surveillance à son domicile français.

Michaëlle Jean a ajouté qu'on lui avait dit qu'elle mettrait la vie des autres personnes en danger si elle prenait des vols commerciaux.

Elle a fait valoir que d'autres pays adoptaient des mesures semblables pour protéger leurs personnalités importantes.

«Pourquoi ne peut-on pas comprendre que le Canada fasse de même?», s'est questionnée Mme Jean. «Lorsque des organisations terroristes décident de vous prendre pour cible, peu importe où vous vous trouvez et ce que vous faites, elles vont passer à l'action. La GRC ne voulait pas prendre ce risque.»

L'ex-représentante de la reine d'Angleterre est maintenant envoyée spéciale de l'ONU à Haïti, pays de sa naissance.

Elle est revenue cette semaine d'un séjour sur l'île des Caraïbes où elle a travaillé sur des projets visant à relancer le système d'éducation public et à promouvoir le tourisme culturel.