La course à la direction du NPD commence à se mettre en branle, 48 heures après que Jack Layton a été conduit à sa dernière demeure à Toronto.

Alors que les yeux de plusieurs observateurs se tournent vers le leader adjoint du NPD, Thomas Mulcair, pour prendre la relève de Jack Layton, le président du parti, Brian Topp, a confirmé qu'il réfléchissait sérieusement à se lancer dans la course.

Dans une entrevue accordée à La Presse, hier, M. Topp, âgé de 51 ans et parfaitement bilingue, a indiqué qu'il prendrait une décision à ce sujet d'ici quelques jours, puisque l'exécutif du parti doit se prononcer le 9 septembre sur les règles qui s'appliqueront durant la course.

«Oui, je songe à être candidat, a dit M. Topp hier. Je suis le président de ce parti et nos instances ont besoin d'examiner les règles qui vont gouverner la course qui est devant nous. Cela veut donc dire que je ne peux pas laisser cette question en suspens trop longtemps.»

«Cela fait bien mal d'avoir perdu Jack. J'ai passé beaucoup de temps avec lui au cours des derniers mois. Une des choses auxquelles il tenait, c'est que l'on continue son travail. La question que l'on doit se poser est "Qu'est-ce qu'on peut faire pour continuer le travail de Jack?". La question du leadership fait partie de cela», a-t-il ajouté.

Dans sa fameuse lettre aux Canadiens, qu'il a rédigée deux jours avant sa mort, Jack Layton a exprimé le souhait que les militants du parti élisent un nouveau chef au début de la nouvelle année. Il a aussi indiqué que la députée de Hull-Aylmer, Nycole Turmel, continuerait d'être le chef par intérim dans l'intervalle.

Stratège du NPD depuis plusieurs années, Brian Topp est une personne peu connue des électeurs. Mais son nom s'est rapidement imposé comme un candidat potentiel crédible dans les rangs du NPD peu de temps après la disparition de Jack Layton. D'autant plus qu'il détient une feuille de route impressionnante au sein du parti.

Natif de la région de Montréal, M. Topp a été l'adjoint parlementaire de Phil Edmonston,  premier député néo-démocrate élu en 1990 lors d'une élection partielle. En 1993, il a pris la direction de Regina où il a été un proche collaborateur de l'ancien premier ministre néo-démocrate Roy Romanow pendant sept ans. Il s'est établi à Toronto en 2000.

Sur la scène fédérale, M. Topp a été responsable du war room du NPD aux élections de 1997 et de 2004. En 2006 et 2008, il a été responsable de la campagne nationale du NPD. En 2011, il a coprésidé le comité de rédaction du programme électoral du parti et a aidé Jack Layton dans la préparation des débats en anglais et en français.

En entrevue, hier, M. Topp a laissé entendre qu'il avait reçu des encouragements en haut lieu pour briguer la direction du parti. Mais il a refusé de dire si Jack Layton l'avait invité à le faire, affirmant que les conversations qu'il avait eues avec lui demeurent privées.

Chose certaine, le prochain chef du NPD devra être bilingue, selon M. Topp, d'autant plus que le parti a fait une percée historique au Québec au dernier scrutin en y raflant 59 des 75 sièges que compte la province à la Chambre des communes.

«Je me souviens de Preston Manning, quand il était chef du Parti réformiste. Il avait de la misère à participer aux débats durant les élections fédérales. Je pense que tous les partis politiques en ont tiré des leçons.»

Le critère du bilinguisme écarte donc des candidats comme les députés Paul Dewar et Libby Davies ou encore Olivia Chow, la femme de Jack Layton qui est aussi députée aux Communes.

Le prochain chef devra également être sensible aux aspirations des Québécois, a-t-il dit. «Le mandat que nous avons reçu des Québécois en mai, c'est une grande responsabilité. Nous avons le mandat de représenter le peuple québécois au Parlement. Je sais que tout le monde au sein du parti dans le pays prend cela au sérieux», a-t-il dit.

«Avoir une belle base comme celle que nous avons au Québec, cela nous donne la chance d'aller faire le même boulot dans le reste du pays et de faire élire un gouvernement progressiste. Il y a là une très belle occasion pour le parti d'aller chercher un mandat à travers le pays. Cela veut dire qu'il faut très bien faire notre travail au Québec au cours des années qui viennent», a-t-il ajouté.