Sitôt évoquée, sitôt écartée. L'idée d'une fusion entre les néo-démocrates et les libéraux fédéraux, réapparue depuis le décès de Jack Layton, «n'est pas à l'ordre du jour», ont indiqué avec empressement les deux camps, lundi.

Au début d'un caucus des députés libéraux et des candidats déchus aux dernières élections, le chef intérimaire du PLC, Bob Rae, a rejeté d'un revers de main cette éventualité.

«Ce n'est pas à notre agenda», a-t-il souligné, estimant que l'heure est plutôt à la reconstruction du Parti libéral, après la débâcle subie le 2 mai dernier.

Sous la direction de Michael Ignatieff, les troupes libérales n'ont récolté que 34 sièges, passant ainsi en troisième place à la Chambre des communes, au profit du NPD de Jack Layton, devenu l'opposition officielle.

Si le député de Bourassa, Denis Coderre, s'est dit lundi favorable à l'idée d'«unir les forces progressistes», plusieurs de ses collègues, dont Ralph Goodale, ont fait écho à leur chef et ont refusé d'évoquer cette possibilité.

Même son de cloche du côté du NPD, qui affirme qu'une fusion avec le Parti libéral «n'est pas du tout à l'ordre du jour», selon le député de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice.

«Ce n'est pas dans nos discussions non plus, a-t-il ajouté. On est en train de se préparer pour être une vraie opposition officielle, efficace, face aux conservateurs, ce que les libéraux n'ont pas été au cours des dernières années.»

Méfiance

En juin dernier, à Vancouver, les néo-démocrates réunis en congrès avaient toutefois rejeté une résolution visant à ce que le NPD «refuse de participer à quelque discussion que ce soit» sur une éventuelle fusion avec les libéraux, laissant ainsi la porte entrouverte à une forme de collaboration ou d'union.

«Ce que les militants au congrès ont voulu faire, ç'a été de ne pas mettre des cadenas sur le futur, a expliqué M. Boulerice, lundi. On ne veut pas obliger notre parti à rester muet et à ne pas écouter les gens qui auraient des propositions à nous faire.»

Il ajoute que, malgré une proximité idéologique sur certains enjeux, une «méfiance» persiste entre les deux camps.

«Le Parti libéral en campagne électorale, ce n'est pas la même chose que le Parti libéral au pouvoir, a-t-il estimé. Pendant la campagne électorale, il clignote à gauche, mais une fois au pouvoir, il tourne à droite.»

Caucus libéral

Dans un discours enflammé devant le caucus libéral, M. Rae a par ailleurs promis d'offrir une opposition de tous les instants aux politiques du gouvernement conservateur lors de la prochaine session parlementaire, qui commencera dans trois semaines.

Comparant les troupes de Stephen Harper au Tea Party américain (mouvement ultraconservateur), le chef libéral a promis de présenter une solution pragmatique, notamment en matière d'économie et de lutte à la criminalité.

«Moins de gouvernement, et des impôts plus bas, c'est la seule réponse des conservateurs, peu importe la question, a lancé Bob Rae. Le mantra des libéraux, ce sera plutôt: des emplois, des emplois, des emplois.

«C'est la responsabilité du gouvernement, en partenariat avec les entreprises, grandes et petites, de créer du travail, des possibilités, de l'espoir, a-t-il ajouté. C'est ça, le message du Parti libéral.»

S'il a bon espoir que le Parti libéral puisse se relever de l'amère défaite du dernier scrutin, et même remporter les élections en 2015, M. Rae estime toutefois qu'il faudra «un changement d'attitude» et une refonte en profondeur de la formation politique, autrefois considérée comme le parti aspirant naturellement au pouvoir.

Avec La Presse Canadienne