Les crises financières aux États-Unis et en Europe, qui ont semé l'agitation dans les marchés financiers, seront vraisemblablement au sommet des priorités de Stephen Harper, lundi, lorsqu'il rencontrera la présidente du Brésil, Dilma Rousseff.

Le premier ministre du Canada est arrivé à Brasilia, la capitale brésilienne, dimanche soir, amorçant de ce fait la première étape de son périple en Amérique du Sud et en Amérique centrale.

Les ministres des Finances et dirigeants des banques centrales des membres du G7 ont tenu des rencontres d'urgence au cours du week-end, afin de discuter de leurs inquiétudes face à la dette souveraine dans la zone euro et l'historique réduction de la note de crédit des États-Unis par Standard & Poor's.

L'agence de notation a enlevé aux États-Unis, pour la première fois, vendredi, sa cote maximale AAA lui accordant plutôt la cote AA+, immédiatement dessous. Cette diminution de la note de crédit des États-Unis pourrait faire en sorte qu'il deviendra plus dispendieux d'emprunter, que ce soit pour acheter une voiture, contracter une hypothèque ou se procurer des obligations d'État.

Dans un communiqué de presse conjoint, émis tard dimanche, les représentants des ministères des Finances des pays du G7 ont déclaré qu'ils étaient déterminés à prendre les mesures nécessaires pour assurer la stabilité et la croissance financières.

Le ministre des Finances du Canada, Jim Flaherty, qui a participé à cette conférence téléphonique, s'est dit confiant que les mesures appropriées «avaient fait l'objet d'un accord dans le but d'assurer la stabilité et la croissance des finances mondiales».

Au moment où les leaders du G7 s'exprimaient, leurs collègues du G20 cherchaient des solutions pour calmer les marchés financiers, en pleine ébullition.

Agités et inquiets, plusieurs investisseurs se sont débarrassés de leurs actions jeudi, lors de la plus forte liquidation d'actifs, sur une seule journée, depuis la crise financière de la fin de 2008.

Les craintes des investisseurs ne se limitaient pas à la situation aux États-Unis. Des milliards de dollars sont disparus des marchés boursiers la semaine dernière alors que les observateurs craignaient de plus en plus que l'Italie et l'Espagne ne se retrouvent en situation de défaut face à leurs lourdes dettes. Les conséquences d'un tel scénario pourraient être dramatiques, compte tenu de la taille de ces deux économies.

Les marchés au Moyen-Orient, ouverts du dimanche au jeudi, ont connu une chute radicale lors de la première journée d'activités suivant la décision de Standard & Poor's. Les investisseurs attendaient impatiemment l'ouverture des marchés asiatiques pour voir si la tendance serait la même.

C'est confronté à un tel portrait de la situation que M. Harper et Mme Rousseff doivent dialoguer au palais Planalta, à Brasilia.

Le gouvernement conservateur est désireux d'effectuer une incursion au Brésil, septième puissance économique au monde mais destinée à grimper au cinquième échelon d'ici quelques années.

Le Canada est à la recherche de nouveaux marchés d'exportation puisque les États-Unis, son plus important partenaire économique, ont encore de la difficulté à faire le ménage de leurs finances internes.

Quelque 400 entreprises canadiennes opèrent déjà au Brésil, le 10e plus important partenaire commercial du Canada. Les exportations canadiennes au Brésil ont totalisé 2,6 milliards $ en 2010 -une hausse de 60 pour cent par rapport à l'année précédente- tandis que les importations se sont élevées à 3,3 milliards $.

Depuis l'entrée en scène des conservateurs au pouvoir, le gouvernement du Canada a cherché à conclure des ententes de libre-échange bilatérales avec plusieurs nations, tout en accordant une importance particulière aux pays de l'Amérique latine et des Caraïbes.

Il y a trois ans, le Canada a conclu un pacte de libre-échange avec la Colombie, où M. Harper s'arrêtera mercredi. L'entente entrera en vigueur la semaine prochaine.

L'ancien gouvernement libéral de Jean Chrétien a paraphé un accord semblable avec le Costa Rica, où se rendra M. Harper jeudi. L'entente avec le Costa Rica est en force depuis 2002.

Des responsables du Canada et du Honduras -autre étape du voyage du premier ministre canadien, vendredi- se sont rencontrés deux fois depuis le mois de décembre. Les pourparlers avec le «Groupe des quatre de l'Amérique centrale», soit le Honduras, El Salvador, le Guatemala et le Nicaragua, ont été lancés il y a environ dix ans.

Le Canada semble plus près d'en arriver avec une entente avec le Honduras qu'avec ces autres pays. Toutefois, M. Harper ne prévoit pas annoncer la conclusion d'un accord avec le Honduras lors de ce périple.

Par ailleurs, une entente avec le Brésil est plus compliquée. Le Brésil doit obtenir l'accord de trois autres membres d'une entité économique surnommée Mercosur, soit l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, avant d'accepter un tel partenariat.

Afin de démontrer toute l'importance qu'il accorde à ce périple de deux jours à Brasilia et à São Paulo, et aux relations entre le Canada et le Brésil, M. Harper est accompagné des ministres John Baird, Rona Ambrose, Diane Ablonczy et Ed Fast.