Québec s'inquiète du flou du gouvernement Harper concernant les transferts fédéraux aux provinces pour l'éducation et la péréquation. «Nous allons garder un oeil très attentif sur cela», dit Pierre Moreau, ministre des Affaires intergouvernementales du Québec.

Il participe au Conseil de la fédération, qui se déroule jusqu'à vendredi à Vancouver. Fondé à l'initiative du premier ministre Jean Charest, le conseil réunit les provinces et territoires canadiens. Les principaux sujets à l'ordre du jour: la famille, la santé, l'emploi, l'économie et les arrangements fiscaux entre Ottawa et les provinces.

Aux dernières élections, le gouvernement Harper s'était engagé à maintenir à 6% l'augmentation annuelle des transferts aux provinces pour la santé, ce qu'il a réitéré dans le dernier discours du Trône. «On n'a pas vu les mêmes engagements à l'égard des autres transferts. Le Québec et les autres provinces gardent donc l'oeil ouvert pour voir comment fera le gouvernement fédéral pour retrouver rapidement l'équilibre budgétaire et comment il compressera ses dépenses. Lorsque le gouvernement fédéral fait l'épuration de ses postes de dépense, il a tendance à aller vers les transferts aux provinces, qui représentent beaucoup d'argent.»

Le gouvernement Harper avait promis de retrouver l'équilibre budgétaire en 2015-2016, mais, pendant la campagne électorale, il a écourté l'échéance d'un an. Pour cela, il doit trouver 11 milliards de dollars d'économies supplémentaires. La source de ces compressions n'a pas été détaillée.

Durant la campagne électorale, les conservateurs avaient aussi repris la promesse des libéraux de maintenir la croissance des transferts en santé. «Il n'y a pas d'inquiétude des provinces sur cette question, mais nous devrons faire front commun et rester très fermes et vigilants, car le contexte économique évolue aujourd'hui à une vitesse fulgurante.»

En 2010-2011, le Québec aura reçu 6,1 milliards de transferts pour la santé, 8,55 milliards au titre de la péréquation et 2,59 milliards pour les programmes sociaux.

Nouveau rôle

Pour la première fois depuis 2004, le Conseil de la fédération aura pour interlocuteur un gouvernement fédéral majoritaire. «Dans ce contexte, le Conseil de la fédération prend toute sa pertinence pour exercer un contrepoids et faire valoir les revendications des provinces», estime M. Moreau. Dans la prochaine année, il y aura des élections générales dans au moins la moitié des provinces, dont peut-être l'Alberta et la Colombie-Britannique. Cela ne diminuera pas le poids des revendications du Conseil, estime M. Moreau. «Plusieurs des sujets abordés, comme le financement de la santé, transcendent les divisions partisanes», explique-t-il.

Québec profitera de la rencontre pour faire état de la huitième ronde de négociations en vue d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada et discuter de la prochaine ronde. Le négociateur Pierre Marc Johnson a été mandaté par le gouvernement Charest.

M. Charest ne participera pas à la rencontre du Conseil de la fédération. Il est en France pour le mariage de sa fille.

Le Parti québécois reste pessimiste à l'égard de cette réunion. Il s'oppose à l'existence même du Conseil de la fédération.