Les libéraux fédéraux, affaiblis après l'élection du 2 mai dernier, ne choisiront pas un nouveau chef avant deux ans.

Les délégués qui assistaient à un congrès «virtuel» extraordinaire du Parti libéral du Canada (PLC) samedi ont décidé de repousser la prochaine course au leadership jusqu'en 2013, entre le 1er mars et le 30 juin .

En entrevue à La Presse Canadienne, l'ex-ministre et ancien chef du Parti libéral Stéphane Dion a affirmé que son parti souhaitait se donner le temps de rebâtir sa formation politique, de façon à ce que son prochain chef soit «bien équipé pour faire face à la musique».

Qualifiant la défaite de son parti de sévère, M. Dion a déclaré que le Parti libéral n'était pas en état de fonctionnement maximal, avant de laisser entendre qu'une formation solide était nécessaire pour assurer la protection, cruciale, de l'image du chef libéral.

À propos des leçons qu'il a tirées des deux dernières campagnes, M. Dion a souligné que l'image des chefs, «très basse dans l'opinion publique» en début de campagne, avait grandement nui au parti.

Selon M. Dion, les quelques semaines de campagne électorale n'ont pas donné assez de temps au parti pour qu'il puisse rehausser l'image de son chef.

Le report de l'élection d'un nouveau chef à la tête du PLC voté par les délégués offre un délai encore plus important que celui proposé par la haute direction du parti, qui désirait que les libéraux prennent de 18 à 22 mois pour se ressourcer avant de choisir un remplaçant permanent à Michael Ignatieff.

Ce dernier a démissionné après avoir mené ce parti autrefois imposant à une défaite historique le soir des élections du 2 mai, au terme desquelles les libéraux ont été réduits à l'état de tiers parti, avec seulement 34 sièges.

Bob Rae a été nommé chef intérimaire le mois dernier, et continuera de garder le fort jusqu'à ce qu'un chef permanent soit choisi.

Le regard tourné vers le futur, Stéphane Dion a souligné samedi que les libéraux allaient devoir s'assurer de faire connaître eux-mêmes leur nouveau chef aux électeurs canadiens. Cette façon de faire, croit-il, permettra de contrer la stratégie conservatrice.

«Dans les deux dernières campagnes, l'image du nouveau chef a été définie par les conservateurs, par leur machine à détruire les personnes, qui est très efficace et très bien financée. Malheureusement, nous n'avons pas été capables de contrecarrer cette attaque.»

Faisant aujourd'hui face à un gouvernement conservateur majoritaire, Stéphane Dion demeure optimiste.

«La seule bonne nouvelle du résultat désastreux du 2 mai, c'est qu'il n'y aura pas d'élections avant 4 ans», a-t-il avancé.

«Nous pouvons prendre le temps de reconstruire le parti étape par étape et de façon constructive.»

La constitution du parti requiert qu'un successeur soit désigné dans les cinq mois suivant la démission du leader. Au terme du congrès extraordinaire du PLC de samedi, toutefois, les délégués ont voté deux amendements à la constitution du parti.

Mis à part le report du scrutin pour l'élection d'un chef en 2013, la date du prochain congrès biennal du parti a été fixée en janvier 2012, et non en juin comme prévu.

Le président de ce congrès, Peter Milliken, s'est félicité des décisions prises au congrès.

«Cette téléconférence a permis un dialogue ouvert et accessible sur la direction du Parti qui reflète les valeurs que nous partageons tous en tant que libéraux.»