Les militants conservateurs ont évité de relancer des débats controversés comme celui sur les mariages gais durant leur congrès bisannuel, préférant mettre l'accent sur des politiques qui pourraient obtenir le soutien d'une majorité des Canadiens.

Ce congrès, qui a eu lieu cinq semaines après l'élection d'un premier gouvernement conservateur majoritaire depuis 1988, a permis aux quelque 2200 délégués de célébrer leurs succès électoraux et d'afficher leur unité.

De toute évidence, le Parti conservateur sous la houlette de Stephen Harper entend demeurer au centre de l'échiquier politique maintenant qu'il détient une majorité des sièges à la Chambre des communes. Les propositions controversées qui ont permis aux adversaires du Parti conservateur de l'accuser dans le passé d'avoir des positions de l'extrême droite ont été rapidement mises de côté.

Pas question de rouvrir le débat sur l'avortement ou sur la définition du mariage au Parlement. Pas question non plus de remettre en cause la politique de «fédéralisme d'ouverture» envers le Québec préconisée par Stephen Harper malgré les piètres résultats électoraux dans la province.

Les délégués ont aussi rejeté une résolution selon laquelle tout citoyen canadien perdrait sa citoyenneté et se verrait accuser de haute trahison s'il prenait les armes contre les forces armées canadiennes ou des forces armées alliées du Canada. Cette résolution visait des cas comme celui d'Omar Kadhar, ce jeune Canadien qui a tué un soldat américain en Afghanistan et qui est emprisonné à la base de Guantanamo.

En lieu et place, les militants conservateurs ont surtout débattu de politiques de nature économique visant à simplifier la fiscalité canadienne, à éliminer les obstacles au commerce interprovincial ou encore à utiliser le modèle de financement PPP pour renouveler les infrastructures au pays.

Pour le ministre de l'Industrie Christian Paradis, le congrès qui a pris fin samedi après-midi a permis au Parti conservateur de démontrer qu'il a atteint la maturité d'une formation politique sensible à toutes les régions du pays.

«Je suis vraiment heureux du résultat du congrès. Je suis gonflé d'énergie et d'espoir. Nous avons un chef qui est bien en selle. M. Harper a mené le parti où il est aujourd'hui. C'est un homme qui est rassembleur et qui a le don de souder l'est et l'ouest du pays. Nous sommes un parti uni», a dit M. Paradis.

En entrevue à Cyberpresse, le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec s'est aussi dit ravi de l'importance qu'a accordée le premier ministre dans son discours vendredi soir. M. Harper a promis de mettre les bouchées doubles pour reconstruire son parti au Québec avant les prochaines élections.

«J'ai déjà 10 candidats défaits qui m'ont dit qu'ils vont se présenter aux prochaines élections. Ils travaillent déjà sur 2015», a dit M. Paradis.

Pour ce qui est des questions controversées, M. Paradis a affirmé que les militants ont droit à leurs opinions, mais que la consigne du premier ministre au parti est sans équivoque: le gouvernement Harper ne rouvrira pas des débats qui divisent la population.

«Cela fait cinq ans que nous sommes au pouvoir. M. Harper, en bon leader, a ciblé les enjeux importants. Nous ne sommes pas éparpillés. Notre priorité, c'est l'économie. Cela a de l'écho au sein de la population», a-t-il dit.

«Les Québécois peuvent se sentir à l'aise au sein du Parti conservateur. Dans le passé, on a voulu dépendre les conservateurs comme des gens qui mangent des enfants. Alors, avec ce congrès, on voit ce que sont les conservateurs. On a des politiques pragmatiques axées sur l'économie et sur les familles», a-t-il ajouté.

«Nous avons quatre et demi devant nous pour livrer notre message avec un chef qui fait ce qu'il dit», a-t-il encore dit.