Le ministre de l'Industrie et lieutenant politique de Stephen Harper au Québec, Christian Paradis, soutient que le Parti conservateur (PCC) sera en mesure de regagner le terrain perdu au Québec au prochain scrutin, maintenant que le Bloc québécois n'est plus une force politique importante.

Le ministre a affirmé que le parti souverainiste, qui a encaissé une cinglante défaite aux élections du 2 mai, a passé le plus clair des dernières années à «diaboliser» le premier ministre au Québec, ce qui a eu un effet certain sur l'image de son patron.

Dans une entrevue accordée à La Presse à la veille du début du congrès du Parti conservateur à Ottawa, M. Paradis a également soutenu que la vague orange qui a déferlé sur le Québec aux dernières élections perdrait éventuellement de sa vigueur et que cela laisserait la voie libre à des gains du Parti conservateur.

Il a affirmé que les politiques préconisées par le NPD ne font pas l'unanimité au Québec et que le premier ministre Stephen Harper saura convaincre les Québécois qu'il est un leader compétent.

«Maintenant que M. Harper va pouvoir gouverner le pays de façon majoritaire, on va arrêter de lui prêter des intentions et de le traiter de tous les noms et de le dépeindre comme le diable en personne. On va pouvoir être évalués sur des faits et non pas sur des mythes. C'est une occasion en or pour nous», a affirmé M. Paradis.

«Les Québécois vont voir le meilleur gestionnaire des pays industrialisés à l'oeuvre et cela devrait se traduire par des votes dans la boîte de scrutin la prochaine fois. Tout est possible au Québec», a-t-il ajouté.

«Les grands rêves de gauche des années 70 avec des dépenses extravagantes, ça n'a plus d'attrait. Nous avons une plateforme qui est responsable, qui est chiffrée. On va revenir à l'équilibre budgétaire en 2014. On favorise l'économie, les PME, les familles et les personnes âgées. Ce sont des mesures ciblées et abordables. Et nous sommes les seuls à prôner une réduction des impôts. [...] Les gens désabusés du Bloc qui sont allés au NPD seront attirés par notre plan», a-t-il encore dit.

Grogne interne

Le congrès conservateur de trois jours qui s'ouvre aujourd'hui sera aussi l'occasion pour le ministre de faire le bilan de la dernière campagne électorale au Québec pour la première fois. Au cours des derniers jours, certains militants conservateurs de la province ont affirmé avoir été abandonnés à leur sort durant la bataille électorale, et n'avoir pas eu de soutien de l'organisation nationale.

«Tous ceux qui ont travaillé pendant la campagne sont profondément excédés, fâchés que la campagne ait été aussi désastreuse», a déclaré récemment à La Presse Canadienne le président de l'Association du Parti conservateur de Brome-Missisquoi, Peter White.

«Nous aurions pu en faire beaucoup plus. Quand on travaille aussi fort pendant 30 jours et qu'on obtient les résultats qu'on a eus sans bénéficier du soutien de personne, on a envie de dire au parti d'aller au diable.»

«Victimes d'une vague»

À l'issue des dernières élections fédérales, le Parti conservateur a perdu 6 de ses 11 sièges au Québec.

À ce sujet, M. Paradis a dit avoir pris acte des critiques et a l'intention de discuter des lacunes de la campagne à l'occasion d'une rencontre avec les candidats malheureux. «J'aurai une soirée cocktail organisée en l'honneur des candidats. J'aurai une discussion franche avec les candidats défaits», a-t-il dit.

M. Paradis a passé près de la moitié de la campagne à l'extérieur de sa circonscription à sillonner les régions du Québec en autocar afin de donner un coup de main aux candidats conservateurs.

«J'ai passé plus de la moitié de la campagne à l'extérieur de mon comté. Je ne pouvais quand même faire plus et risquer de me faire battre chez nous. On m'a dit que c'était l'une des campagnes les mieux organisées depuis que les deux partis ont fusionné. Au Québec, c'est juste les résultats qui n'ont pas suivi. Nous avons été victimes d'une vague, comme les autres partis d'ailleurs», a-t-il affirmé.

Durant le congrès, les militants conservateurs se prononceront sur une série de résolutions. Ils pourront aussi poser des questions aux ministres durant une séance d'imputabilité qui aura lieu demain derrière des portes closes. Stephen Harper prononcera un discours demain soir.