Volte-face à Ottawa: le ministre des Affaires étrangères, John Baird, reconnaît les frontières de 1967 comme base de négociations dans le conflit israélo-palestinien, alors que le premier ministre Stephen Harper s'y est refusé la semaine dernière.



À l'issue du sommet du G8 à Deauville, en France, le Canada aurait, selon des sources diplomatiques, empêché que la déclaration de clôture évoque les frontières de 1967 comme fondement d'un possible accord de paix entre Israël et la Palestine, conformément à la résolution no 242 de l'ONU.

Le quotidien israélien Haaretz a même affirmé par la suite que c'est à la demande du premier ministre Benyamin Nétanyahou que M. Harper a pris cette position, qui tranchait avec la volonté de la plupart des pays du G8, et en contradiction avec la position traditionnelle du Canada en la matière.

Si le directeur des communications du premier ministre, Dimitri Soudas, a nié que M. Harper et M. Nétanyahou aient discuté du sommet du G8, le premier ministre canadien a refusé de dire s'il avait poussé pour que la déclaration de clôture reflète les intérêts d'Israël, qui estime que les frontières de 1967 avantagent les Palestiniens. M. Harper s'est contenté de qualifier le texte d'«équilibré», dans une position perçue comme un rapprochement important avec Israël.

Position américaine

Le président Barack Obama a lui-même, dans un important discours sur le Proche-Orient, le 19 mai dernier, affirmé que les frontières d'Israël et d'un éventuel État palestinien devraient être basées sur celles d'avant la guerre des Six Jours. Or, il s'agit de frontières «indéfendables», a immédiatement rétorqué Benyamin Nétanyahou. La guerre des Six Jours a permis à Israël d'agrandir considérablement son territoire.

Mercredi, à l'issue du caucus des députés du Parti conservateur, John Baird a affirmé sans hésitation que la position canadienne dans le conflit israélo-palestinien n'avait pas changé et qu'il appuyait les frontières de 1967.

«C'est la politique étrangère du Canada, oui. Nous soutenons une solution qui prévoit deux États, un État juif et un État palestinien non militarisé, a souligné M. Baird, interrogé sur la question dans un corridor du parlement. Nous soutenons évidemment une solution basée sur les frontières de 1967, avec des échanges de territoires qui devront faire l'objet d'un accord mutuel, comme le président Obama l'a mentionné.»

«À l'unanimité, les chefs du G8 ont souligné l'importance du discours du président Obama et leur accord avec sa teneur», a-t-il ajouté, sans toutefois offrir d'explication sur le fait que la déclaration de clôture ne parle pas des frontières de 1967.

Le président Nicolas Sarkozy, hôte du sommet, a qualifié les propos du président Obama de «courageux», jugeant important d'insister sur ces délimitations d'avant la guerre.