L'usage du terme controversé «gouvernement Harper», qui avait pris le dessus sur celui de «gouvernement du Canada» dans les communications officielles dans les mois précédant la chute de la minorité conservatrice le 25 mars, a pratiquement disparu des documents publics.

Des documents internes obtenus par La Presse Canadienne démontrent que les bureaux des ministres avaient ordonné aux fonctionnaires fédéraux de privilégier les mots «gouvernement Harper» et qu'ils étaient «obligés de le faire si on leur demandait».

Dans un courriel daté du 16 février, un fonctionnaire du département des communications du ministère de Pêches et Océans avait demandé à sa supérieure la raison de ce changement d'appellation.

«Plusieurs questions m'ont été adressées par des collègues à ce sujet et je reçois désormais des appels de fonctionnaires travaillant dans d'autres ministères fédéraux», écrivait la directrice régionale des communications.

Cette consigne avait été émise plus de deux semaines avant que La Presse Canadienne ne rende publique la nouvelle nomenclature.

Le terme «gouvernement Harper» est apparu des centaines de fois à la fin de l'an dernier dans les documents des départements de communication.

D'anciens hauts fonctionnaires et des chercheurs en administration publique avaient affirmé que cette requête était une forme de partisanerie «sans précédent».

Le cabinet du premier ministre (CPM) avait toutefois insisté pour dire qu'aucune directive n'avait été donnée aux fonctionnaires fédéraux ordonnant le recours à ce terme. Le directeur des communications de Stephen Harper, Dimitri Soudas, avait d'ailleurs affirmé qu'il n'y avait rien de mal dans cette façon de faire. Selon lui, il s'agissait d'une «pratique courante» et avait dénoncé avec colère l'histoire de La Presse Canadienne, qui relevait de la «théorie du complot».

La personnification de l'administration gouvernementale, avec les mots «gouvernement Harper», l'automne dernier n'a toutefois jamais été expliqué. Le CPM n'a pas non plus expliqué pourquoi ces termes se font de moins en moins présents dans les communications officielles depuis l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire.

«Les mots "gouvernement Harper" sont fréquemment utilisés au sein des ministères et par le gouvernement», écrivait la porte-parole du CPM, Sara McIntyre, dans un courriel en réponse à une remise en question de ce changement.

«C'est également une expression utilisée par les journalistes et le public. Le CPM n'a donné aucune directive en ce sens», poursuit-elle.

Des fonctionnaires publics ont toutefois perçu, sans l'ombre d'un doute, ce changement.

En août dernier, un rédacteur du ministère du Commerce faisait remarquer à son supérieur que l'utilisation des mots «gouvernement Harper» plutôt que «gouvernement du Canada» pourrait être perçu comme de la partisanerie.

«C'est un changement majeur de l'usage de ces mots», écrivait-il.

Son supérieur s'était contenté de lui répondre qu'il «partageait son inquiétude».