«Que c'est bon de revenir au Québec, une province orange!», a lancé le chef néo-démocrate Jack Layton en ouverture d'un discours à saveur nationaliste prononcé samedi à Montréal. S'adressant aux néo-démocrates réunis dans le cadre du conseil général de l'aile québécoise du parti, Jack Layton a de nouveau insisté sur l'importance de reconnaître et de renforcer la nation québécoise.

Placé dans l'embarras plus tôt cette semaine pour avoir entretenu une confusion sur la question, Jack Layton a répété que son parti accepterait les résultats d'un éventuel référendum sur la souveraineté du Québec, et ce, même si seulement 50 pour cent plus un des électeurs se prononçaient en faveur de l'indépendance de la province. «Si Stephen Harper a pu accéder au pouvoir avec 40 pour cent d'appui populaire, la majorité simple est certainement suffisante pour la tenue d'un vote démocratique», a-t-il fait valoir.

Appelé au micro avant M. Layton, le chef adjoint du NPD et leader de l'opposition en chambre, Thomas Mulcair, a indiqué que le nouveau rôle du NDP, en tant qu'opposition officielle, lui donnera plus de poids pour défendre les intérêts du Québec. «Nous aurons l'occasion de présenter nous-mêmes des projets de loi pour étoffer ce concept de la nation québécoise, pour donner un contenu concret à cette reconnaissance», a affirmé M. Mulcair.

MM. Layton et Mulcair ont insisté sur l'importance de faire adopter des mesures visant à protéger la langue française. L'une de ces mesures serait de faire du français la langue de travail dans les entreprises régies par loi fédérale. «Une personne qui travaille dans une institution financière a le droit de recevoir des instructions de son supérieur dans la langue qu'elle connaît le mieux», a plaidé Jack Layton, en ajoutant qu'il ferait également du bilinguisme des juges à la Cour suprême l'un de ses chevaux de bataille.

Critiquant les écoles-passerelles, ces établissements qui permettent d'accéder au réseau scolaire anglophone, Thomas Mulcair a soutenu qu'il est inacceptable que des droits n'existent que pour ceux qui peuvent les acheter. «Les gens qui choisissent le Québec, parce qu'un immigrant n'est pas forcé de venir au Québec, doivent comprendre qu'ils vont apprendre et que leurs enfants vont apprendre le français, d'abord et avant tout», a-t-il déclaré.

Bien que ses propos sur la nation québécoise aient suscité de l'inquiétude chez certains commentateurs du Canada anglais, Jack Layton a dit ne pas craindre que cela nuise à son parti dans le rest of Canada. «La grande majorité des Canadiens et Canadiennes veulent que le Québec soit un élément-clé de notre pays, a-t-il noté. Ils célèbrent les accomplissements des Québécois et des Québécoises. L'attitude a changé beaucoup au cours des 30 dernières années. Et les dernières élections étaient très intéressantes. Les Québécois ont dit plus fortement qu'ailleurs au Canada qu'ils veulent s'échapper de ces vieilles chicanes.»

Ce conseil général était la première grande réunion du NPD tenue au Québec depuis les élections du 2 mai dernier. Les députés néo-démocrates, dont les 59 élus au Québec, se réuniront en congrès pancanadien du 17 au 19 juin prochain à Vancouver.