Exit le budget, le financement de la Chambre, les services de relations de presse, le bureau de recherche, les employés et les conseillers en soutien au leader parlementaire, au whip, au chef: le Bloc québécois, autrefois force politique redoutable à Ottawa - où il a même formé l'opposition officielle pendant quatre ans -, doit non seulement composer avec une députation réduite, mais aussi avec des ressources faméliques.

Avant le déclenchement des élections, le 26 mars, la formation souverainiste, qui comptait alors 47 députés, jouissait d'une équipe de 100 à 125 employés.

Aujourd'hui, le Bloc, en pleine restructuration, est à mettre sur pied une petite équipe de trois personnes qui viendront en aide aux quatre élus: une attachée de presse, un responsable de la recherche et du contenu, et une conseillère législative et parlementaire.

À cela s'ajouteront les deux ou trois employés auxquels a droit chacun des quatre députés bloquistes élus le 2 mai (trois vétérans et un nouveau venu).

«Le parti veut continuer à vivre. Ça prend une certaine cohésion pour faire avancer les dossiers. On a décidé de créer une petite équipe, de travailler tous ensemble», explique Karine Sauvé. Attachée de presse de Gilles Duceppe depuis sept ans, elle devient l'unique responsable des communications du caucus.

Les quatre députés conservent leurs bureaux, dispersés dans les bâtiments adjacents au parlement, mais les locaux qu'occupaient le chef bloquiste, le leader parlementaire et le whip du parti, au cinquième étage de l'édifice du centre, ont dû être libérés.

L'heure est maintenant aux revendications, dans la mesure du possible. Pour avoir le statut de parti politique reconnu et les avantages financiers qui s'ensuivent, il faut avoir 12 députés à la Chambre des communes.

«On n'a pas le statut officiel, mais ce n'est pas la même chose que si on s'était fait élire comme indépendants. Il y a 24% des gens au Québec - près de 1 million de personnes -, qui ont voté pour le Bloc, alors on les représente», souligne le député de Richmond-Arthabaska, André Bellavance, mandaté par ses collègues pour négocier les quelques avantages parlementaires que les bloquistes espèrent obtenir.

«Il fallait commencer par s'assurer qu'on pourra être assis ensemble à la Chambre des communes. On veut aussi être désignés comme des députés du Bloc québécois. On regarde les précédents à cet effet.»

Période des questions

M. Bellavance entend par ailleurs rencontrer les leaders parlementaires des autres partis, dont Peter Van Loan, du gouvernement conservateur, et Thomas Mulcair, de l'opposition officielle néo-démocrate, afin de négocier un droit de parole à la période des questions.

«Si on prend les trois dernières législatures, donc une dizaine d'années, les questions étaient distribuées aux partis selon un calcul mathématique, qui incluait les députés indépendants lorsqu'il y en avait, explique le bloquiste. À quatre, si on se fie à ce calcul-là, on estime qu'on peut avoir une question par jour.»

Pour la survie du Bloc québécois, il sera aussi important de maintenir présence et visibilité à Ottawa que de conserver bien actives les associations de circonscription, estime la présidente par intérim du parti, Vivian Barbot.

«L'aile parlementaire a été plus ou moins décimée, mais le parti est bien vivant. Les militants sont encore là. Depuis les élections, aucun membre ne nous a appelés pour dire qu'il ne voulait plus l'être», soutient Mme Barbot.

«Même si le caucus est réduit à quatre députés, il a quand même un rôle à jouer. On a l'avantage d'avoir trois députés qui ont beaucoup d'expérience, et qui verront donc les endroits où ils peuvent le mieux intervenir», ajoute-t-elle.

Mais le député de Richmond-Arthabaska concède que la bataille pour la visibilité n'est pas gagnée. «Il faut faire notre place, centimètre par centimètre, dit-il. Rien ne nous empêche, en Chambre, de faire des interventions, des discours. Encore une fois, un seul parti à la Chambre des communes va se lever pour parler des consensus québécois, et c'est le nôtre.»