Les critiques formulées par le gouvernement de Stephen Harper à l'égard des intentions russes dans l'Arctique ne sont pas ancrées dans la réalité, a soutenu un haut diplomate russe.

L'ambassadeur itinérant de la Russie pour l'Arctique, Anton Vasiliev, a répliqué jeudi aux critiques fréquemment émises par le premier ministre Stephen Harper et les membres de son cabinet ministériel. Ottawa juge que la Russie a un comportement agressif en Arctique.

L'ancien ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon avait notamment dénoncé un saut en parachute dans la région, prévu par Moscou en avril 2010, qualifiant l'exercice de «propagande». Le ministre de la Défense Peter MacKay avait pour sa part critiqué Moscou à propos de la présence d'avions russes dans l'espace aérien canadien en Arctique.

Cette attitude de la part d'Ottawa pourrait être due à un manque de compréhension de la réalité, a affirmé M. Vasiliev à La Presse Canadienne à l'occasion d'une importante conférence organisée par l'Université Carleton à Ottawa sur la coordination de l'Arctique entre le Canada, la Norvège et la Russie.

Dans un discours prononcé devant une centaine d'universitaires, de diplomates et de fonctionnaires, M. Vasiliev a vanté la relation entre la Russie et la Norvège, désormais au beau fixe après 40 ans de disputes frontalières.

Il a ajouté qu'il s'agissait là d'un «précédant encourageant» pour le Canada. Les deux pays ne s'entendent pas sur la délimitation des frontières situées sous la mer, dans l'océan Arctique. La région contiendrait par ailleurs d'importantes réserves de gaz et de pétrole.

M. Vasiliev a souligné que le Canada et la Russie sont des partenaires naturels dans la région, partageant une relation bonne et dynamique. Il a toutefois ajouté que le «potentiel de cette relation est énorme».

L'ambassadeur a également mentionné qu'à son avis, les politiciens à Ottawa critiquaient publiquement les agissements de la Russie en Arctique par souci de plaire à l'électorat canadien.

«Le problème est principalement d'ordre intérieur, selon moi, et je ne peux juger les propos de vos politiciens sur ce dossier. Les nôtres affirment que l'Arctique deviendra de plus en plus en terrain propice au dialogue et à la coopération - un changement majeur par rapport à la mentalité qui prévalait pendant la Guerre Froide», a fait valoir M. Vasiliev.