Les Canadiens ont surmonté leur aversion pour les querelles constitutionnelles, révèle un nouveau sondage de La Presse Canadienne/Harris-Décima publié jeudi.

Le coup de sonde indique que la majorité des Canadiens se disent prêts à rouvrir la Constitution pour atteindre divers objectifs.

Par exemple, 61 pour cent des personnes interrogées ont dit être prêtes à rouvrir la Constitution afin de réformer ou d'abolir le Sénat.

Cinquante-huit pour cent des participants seraient disposés à amender certains éléments de la Constitution pour obtenir sa ratification par le Québec. De ce nombre, 66 pour cent sont Québécois et 55 pour cent sont des Canadiens habitant ailleurs au pays.

Le sondage indique également que 58 pour cent des répondants sont prêts à discuter de modifications à apporter au système électoral canadien.

Cet état d'esprit conciliant détonne par rapport à la féroce antipathie avec laquelle les Canadiens percevaient tout débat constitutionnel aux lendemains des accords du Lac Meech et de Charlottetown, en 1990 et en 1992.

Ces ententes, qui visaient à répondre aux exigences constitutionnelles du Québec, ont finalement eu pour effet de diviser le pays. Leur échec a été suivi d'une montée du sentiment nationaliste au Québec, où le résultat serré du second référendum en 1995 a pratiquement mené à l'indépendance de la province.

«Le fait que les Canadiens soient aussi prompts à rouvrir la Constitution est une preuve qu'ils n'ont plus peur de tout ce que ce processus implique», a expliqué Doug Anderson, vice-président principal de Harris-Décima.

Si les Canadiens semblent prêts à discuter de différentes réformes constitutionnelles, les expériences infructueuses de Meech et de Charlottetown ont prouvé qu'il serait quasi impossible de restreindre les négociations à certains sujets seulement. Une fois le débat lancé, ce type de rencontre serait plutôt l'occasion pour les provinces et divers groupes d'intérêt de mettre de l'avant leurs propres demandes.

«Peut-être avons-nous simplement besoin de nous replonger dans le débat pour nous rappeler que ce n'est pas si simple que cela», a avancé M. Anderson.

Les politiciens canadiens évitent les questions constitutionnelles comme la peste depuis l'échec des accords du lac Meech et de Charlottetown. Lors de la récente campagne électorale fédérale, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, a toutefois évoqué le sujet. Il avait mentionné qu'on pourrait tenter à nouveau de répondre aux demandes constitutionnelles du Québec, mais qu'il ne s'agissait pas d'une priorité.

Sa suggestion controversée a semblé porter fruit au Québec, où la déferlante néo-démocrate a permis au parti de devenir l'opposition officielle à Ottawa.

Le sondage téléphonique a été réalisé auprès d'un peu plus de 1000 Canadiens entre le 12 et le 15 mai. Sa marge d'erreur est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.