Deux députés conservateurs qui ont joué un rôle déterminant dans l'entente ayant mené à la création de leur parti ont désormais des points de vue diamétralement opposés sur un principe clé de la fusion qui a donné naissance au Parti conservateur.

L'affrontement pourrait être le prélude à une âpre bataille lors du prochain congrès conservateur, qui doit avoir lieu le mois prochain. La question avait déjà fait l'objet de vifs débats par le passé.

Ce principe, qui a permis de sceller l'entente de fusion entre l'Alliance canadienne et le Parti progressiste-conservateur, n'a jamais été conçu pour devenir une règle permanente au sein du parti, estime l'un des fondateurs de la nouvelle entité.

Le député ontarien Scott Reid et le ministre de la Défense, Peter MacKay, ont tous deux écrit aux membres du parti au sujet des changements proposés à la constitution de la formation politique.

M. Reid et un certain nombre de conservateurs voudraient modifier la règle qui donne à toutes les associations de circonscription une voix égale dans le choix du chef du parti, et ce malgré le nombre de membres de ces associations. Scott Reid voudrait ainsi que les associations possédant davantage de membres aient plus de poids politique.

M. Reid rejette l'affirmation de M. MacKay selon laquelle cette règle a été cruciale pour la fusion et ne devrait pas être modifiée.

Lors de la fusion qui a mené à la création du Parti conservateur, les progressistes-conservateurs avaient insisté sur l'égalité des associations de circonscription pour empêcher que les courses au leadership ne soient dominées par les nombreux membres de l'Alliance canadienne dans l'Ouest.

Dans sa lettre, M. Reid fait référence au texte de la fusion de 2003 qui faisait état d'un «processus à utilisation unique pour l'élection d'un chef» avant la course à la chefferie qui avait vu Stephen Harper l'emporter.

«Un changement vers un nouveau système est parfaitement dans l'esprit de l'entente signée par Stephen Harper et Peter MacKay et la question de la méthode selon laquelle le parti choisira son second chef et les chefs subséquents n'a jamais été une pierre d'achoppement», a écrit Scott Reid dans une lettre dont La Presse Canadienne a obtenu copie.

Cela vient directement contredire la lettre du ministre MacKay envoyée aux membres du parti quelques jours plus tôt.

«Il s'agit d'un débat divisif que notre parti n'a pas besoin de reprendre une fois de plus, puisque nous avons rejeté des propositions similaires lors de notre entente fondatrice et au cours de deux congrès nationaux», a écrit le ministre.

Le sénateur conservateur Hugh Segal se dit d'accord avec le point de vue de M. MacKay et a salué Stephen Harper pour avoir défendu la règle par le passé.

«Les efforts rétroactifs pour modifier le coeur de l'entente de 2003 ne sont pas dans l'intérêt d'un parti fort, aussi bien intentionnée soit la proposition», a expliqué M. Segal dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne.

«Les associations de comté conservatrices plus petites dans les régions moins peuplées du Canada, dans les zones rurales, la région de l'Atlantique et des Maritimes, sans oublier le Québec ou le Nord, ne devraient pas être découragées ou diminuées telles qu'elles le seraient dans le cadre des changements proposés.»