Certains sont fédéralistes, d'autres souverainistes. Plusieurs favorisent la création de la richesse (41%) alors qu'un nombre plus important encore (59%) croit qu'il faut d'abord mieux la distribuer. Mais le 2 mai, ils étaient tous unis par le même sentiment: le goût du changement.

C'est du moins ce qui explique pourquoi le NPD a obtenu 43% des suffrages au dernier scrutin et réussi un exploit historique en remportant 59 des 75 sièges que compte le Québec à la Chambre des communes.

Un sondage CROP réalisé par l'internet auprès de 1000 personnes pour le compte de La Presse a permis de mesurer la perception des Québécois au sujet de la vague orange qui a déferlé sur la province et de l'élection du premier gouvernement majoritaire depuis 11 ans.

Il en ressort que les Québécois sont ambivalents. Soit, 44% des répondants sont satisfaits de la percée du NPD au Québec et voient d'un bon oeil qu'il forme l'opposition officielle à la Chambre des communes. Mais 58% d'entre eux se montrent insatisfaits de voir les conservateurs s'installer confortablement au pouvoir avec une majorité des sièges.

Le fait que le Bloc québécois ait perdu beaucoup de sièges laisse les Québécois quasi indifférents: seulement 22% des répondants expriment leur satisfaction, et 20% se disent insatisfaits.

Mais ce qui frappe le plus, c'est à quel point les Québécois ont soif de changement: 82% se disent fortement d'accord ou plutôt d'accord pour dire que rien ne bouge au Québec. «Les gens qui ont appuyé le NPD ne sont ni plus à gauche ni plus à droite que le reste des Québécois. Ce n'était pas un vote gauche-droite. Il y avait véritablement un appétit pour le changement. Au Québec, on sent qu'on est coincé et les gens avaient le goût de décoincer tout cela», a expliqué hier Youri Rivest, de la firme CROP.

Résultat: tous les partis qui étaient bien installés au Québec depuis des années ont écopé au profit du NPD puisque 77% des répondants ont dit vouloir envoyer le message qu'ils étaient «tannés des politiciens». «Le NPD a réussi à canaliser cette force de changement face à l'inertie», selon Youri Rivest.

Sur la scène provinciale, comment voteraient les Québécois qui ont appuyé le NPD? Ils voteraient à parts presque égales pour tous les partis politiques (20% pour l'ADQ, 25% pour le Parti libéral, 24% pour le Parti québécois et 13% pour Québec solidaire).

«Cela démontre une chose: le vote pour le NPD est sur un tout autre axe que sur la scène provinciale, où l'axe fédéralisme/souveraineté domine encore», dit M. Rivest.

Autre fait intéressant, le tiers des électeurs qui ont voté pour le NPD disent qu'ils voteraient pour la souveraineté s'il y avait un référendum.

Ce sondage a été réalisé du 11 au 16 mai 2011 auprès de 1000 répondants. Selon CROP, compte tenu du fait que ce sondage a été réalisé en ligne et du caractère non probabiliste de l'échantillon, le calcul de la marge d'erreur ne s'applique pas.