Un rapport interne du ministère fédéral de la Justice, jamais rendu public, soutenait la clause de la dernière chance pour les meurtriers alors que le gouvernement Harper souhaitait son élimination, avant d'avoir gain de cause.

La clause controversée, qui permettait aux personnes reconnues coupables de meurtre aux premier et deuxième degrés de demander leur libération conditionnelle après avoir purgé 15 ans de leur peine de prison, a été révoquée deux jours avant le déclenchement des élections.

La révocation, à laquelle s'opposaient le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois, a été obtenue par les conservateurs grâce au soutien des libéraux.

Une étude clé, payée par les contribuables, en faveur de la clause de la dernière chance, n'a joué aucun rôle dans le débat parce qu'elle n'a jamais été rendue publique.

Aux fins du document datant de juin 2010, les chercheurs Ting Zhang et Lisa Ha avaient été appelés à déterminer si la clause, entrée en vigueur il y a 25 ans et resserrée en 1997, fonctionnait.

Au moyen de données provenant du Service correctionnel du Canada, les auteurs sont parvenus à la conclusion que le système en place fonctionnait bien.

La clause de la dernière chance avait été adoptée en 1976, alors que le Parlement a éliminé la peine de mort pour les infractions au Code criminel, remplacée par des peines de prison à vie obligatoires pour les meurtres aux premier et deuxième degrés.

L'objectif visé par la mesure était de réduire les risques encourus par les gardiens de prison en présence de meurtriers condamnés à passer le reste de leur vie derrière les barreaux et n'ayant rien à perdre en commettant des gestes violents.

La clause visait également à donner aux criminels une raison de revenir dans le droit chemin.

Toutefois, des proches de victimes faisaient campagne afin d'obtenir sa révocation, en partie en raison de la demande de remise en liberté faite par Clifford Olson après qu'il eut purgé 15 ans de prison à la suite des meurtres de 11 jeunes femmes et hommes. Sa requête a été rejeté en 15 minutes par un jury appelé à l'étudier.

La loi a été modifiée cette année-là afin d'empêcher les criminels coupables de plusieurs meurtres de se prévaloir de la cause.

Une requête formulée par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information a permis d'apprendre qu'un rapport interne du ministère fédéral de la Justice en faveur de la clause de la dernière chance avait été tenu loin des parlementaires tandis qu'ils se penchaient sur le projet loi conservateur, l'an dernier.

Une porte-parole du ministère de la Justice a indiqué que les conclusions du rapport ne représentaient pas la politique du gouvernement sur la clause de la dernière chance, qui a été éliminée en mars en guise de soutien aux familles des victimes de meurtre.