Le bloquiste Serge Ménard vit peut-être ses dernières heures à titre de député à Ottawa si le gouvernement Harper est battu. Il vient d'annoncer aux membres de son association de circonscription, dans une lettre que La Presse a obtenue, qu'il ne se présentera pas aux prochaines élections fédérales.

«Je suis encore en pleine forme physique autant qu'intellectuelle, mais on peut dire qu'à l'aube de cette nouvelle décennie, les années me sont comptées, écrit-il. Je voudrais bien en prendre quelques-unes pour faire un peu des choses que j'ai toujours voulu faire, mais pour lesquelles la politique m'a laissé trop peu de temps.»

Ce qu'il a toujours voulu faire, c'est par exemple se consacrer davantage à sa famille et en particulier à sa conjointe, «qui a trop souffert des absences» qu'impose «le rythme d'enfer de la vie politique».

Serge Ménard ne tire toutefois pas un trait définitif sur la politique ni sur la souveraineté, qui est à son avis «de plus en plus nécessaire». «Il est de plus en plus urgent de la faire. Je serai encore disponible pour convaincre celles et ceux qui n'en sont pas encore conscients», écrit-il.

Le député de Marc-Aurèle Fortin, avocat criminaliste de formation, a commencé sa carrière politique en 1993 en tant que député du Parti québécois dans Laval-des-Rapides. De 1994 à 2003, il a dirigé plusieurs ministères, en particulier ceux des Transports, de la Justice et de la Sécurité publique. Il est passé au fédéral en 2004. C'est au cours de sa première campagne électorale, en 1993, que, selon ce qu'il a révélé en novembre dernier à Radio-Canada, le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, aurait tenté de le soudoyer en lui tendant une enveloppe censée contenir 10 000$.

Pas de poursuite

Gilles Vaillancourt avait nié farouchement et mis en demeure Serge Ménard de se rétracter sous peine de poursuite. Carl Boisvert, attaché de presse du Bloc, explique que Serge Ménard a répondu à cette mise en demeure, mais qu'il n'a eu aucune nouvelle de Gilles Vaillancourt depuis.

«Nos avocats sont toujours en train d'évaluer le dossier», dit Jean-Maurice Duddin, attaché de presse du maire de Laval.

Plus récemment, le nom de Serge Ménard est revenu dans l'actualité lorsque de fortes rumeurs l'ont propulsé pendant quelques heures à la tête de la nouvelle Unité permanente anticorruption (UPAC). Serge Ménard avait créé en 1999 l'escouade Carcajou pour lutter contre les motards criminels.

C'est Marie-France Charbonneau qui succédera à Serge Ménard à la suite de l'assemblée d'investiture qui aura lieu dimanche dans sa circonscription.