Des centaines de millions de dollars en subventions pour le logement abordable pourraient être en danger, une situation qui inquiète les bénéficiaires de ces programmes, et choque les partis d'opposition.

La ministre fédérale des Ressources humaines, Diane Finley, a déjà indiqué que le financement du logement abordable ne serait pas réduit dans la prochaine année financière. Mais cet engagement ne se reflète pas encore dans des documents budgétaires du gouvernement.

Les prévisions de dépenses fédérales indiquent que ce poste budgétaire perdra quelque 300 millions $ au cours de la prochaine année par rapport au niveau d'avant la récession économique, à moins qu'Ottawa ne comble le manque à gagner.

Des sources bien au fait du dossier ont dit croire qu'Ottawa confirmera sous peu qu'il refinancera cette enveloppe, soit dans le budget de la semaine prochaine, soit au cours d'une annonce distincte.

Mais l'incertitude est difficile à soutenir pour ceux qui tentent de maintenir ou d'augmenter la quantité de logements à loyer modique disponibles, et a déclenché la colère des parlementaires d'opposition, qui craignent que le budget ne contienne davantage de coupes dans ce secteur.

«Dans un monde idéal, nous aimerions savoir quelles seront les règles du jeu», a affirmé Nicholas Gazzard, directeur exécutif de la Fédération de l'habitation coopérative du Canada. «Sommes-nous d'accord avec l'incertitude dans laquelle nous vivons? Non, c'est frustrant.»

Le financement fédéral pour le logement social a augmenté depuis quelques années, à la faveur du programme de stimulation économique: un milliard de dollars est venu d'Ottawa, un montant auquel se sont ajoutés les efforts provinciaux.

Mais maintenant que le plan d'action économique vit ses derniers jours, plusieurs craignent que les conservateurs fédéraux ne se retirent de ce dossier.

«Si aucun montant n'est ajouté, il y aura un important manque à gagner», a critiqué John McCallum, porte-parole libéral en matière de logement.

Les détails des prévisions de dépenses pour l'année à venir ont été publiés plus tôt ce mois-ci, et montraient que plusieurs programmes axés sur le logement recevront seulement une fraction de ce qu'ils recevaient avant la récession économique.

L'Initiative en matière de logement abordable, par exemple, a reçu environ 83,1 millions $ pour l'année financière 2008-2009, mais ne se voit alloué que 15,6 millions $ pour l'année prochaine.

Le Programme d'aide à la remise en état des logements, quant à lui, s'est vu garantir 37,4 millions $ jusqu'à maintenant, par rapport à un financement de 128,3 millions $ avant la récession.

Le milieu du logement abordable se méfie du gouvernement conservateur, notamment parce qu'il avait affirmé en 2006 qu'Ottawa n'avait pas de rôle à jouer en matière de logement.

Mais pour le moment rien ne changera, a plaidé le porte-parole de la ministre Finley. «Il n'y a aucun changement dans le financement, sauf pour les sommes qui faisaient partie du Plan d'action économique, qui était conçu pour être une mesure temporaire», a indiqué Ryan Sparrow, par courriel.