Passé en grande pompe du NPD au Bloc québécois l'automne dernier, Jean-Claude Rocheleau a finalement échoué, dimanche soir, à se faire nommer candidat dans l'est de Montréal, en dépit de l'appui du chef, Gilles Duceppe.



Les bloquistes de la circonscription de La Pointe-de-l'Île lui ont préféré la militante de longue date Ginette Beaudry, qui a remporté l'investiture au deuxième tour de scrutin.

La députée sortante de ce bastion bloquiste, Francine Lalonde, avait annoncé en septembre dernier qu'elle ne se représenterait pas aux prochaines élections. Âgée de 70 ans, elle lutte actuellement contre un virulent cancer des os qui est revenu la hanter après deux années de rémission.

Défait deux fois comme candidat du Nouveau Parti démocratique dans Hochelaga (en 2008 et à l'élection partielle de novembre 2009), Jean-Claude Rocheleau avait ensuite été coprésident de la section Québec du NPD.

Un candidat imposé

En septembre 2010, La Presse a révélé que M. Rocheleau passait au Bloc québécois. Quelques semaines plus tard, M. Duceppe a confirmé le recrutement du syndicaliste de longue date, alors président du syndicat des employés de Shell, aux prises avec la fermeture de la raffinerie de Montréal-Est. Mais les militants bloquistes avaient vu d'un mauvais oeil l'arrivée d'un candidat imposé par le chef et avaient réclamé une investiture en bonne et due forme.

Coordonnatrice du Centre des femmes de Montréal-Est-Pointe-aux-Trembles, Ginette Beaudry a été présidente du comité de direction de la circonscription de 1995 à 2005, en plus d'avoir travaillé avec la députée sortante. Plus de 400 militants étaient présents à l'assemblée d'investiture dans ce bastion bloquiste, où Mme Lalonde régnait sans conteste depuis 1993. Aux trois dernières élections générales, elle y avait obtenu plus de 50% des votes.

Joint par La Presse, M. Rocheleau n'a pas caché sa déception. «Je m'étais présenté dans La Pointe-de-l'Île parce que c'est une circonscription que je connais bien pour y avoir vécu plus de 40 ans. Je pensais que je pouvais y contribuer. Les militants ont choisi quelqu'un qui avait été plus engagé à l'échelle locale, à l'intérieur du parti. Chacun a sa motivation personnelle.»

M. Rocheleau entend toutefois continuer de militer dans le Bloc québécois, là où il sera «le plus utile». «Quand j'ai pris la décision d'aller au Bloc, c'était une décision réfléchie, a-t-il souligné. Pour moi, c'était clair que le Bloc québécois était la meilleure des options pour défendre les intérêts du Québec.» Il serait par contre étonnant que le Bloc québécois lui trouve une nouvelle circonscription où se présenter d'ici aux prochaines élections, qui semblent de plus en plus imminentes.

Selon M. Rocheleau, le choix des militants de la circonscription ne constitue pas une rebuffade pour le chef bloquiste. «Je pense que notre chef a la confiance des gens, on l'a vu par le vote au dernier conseil général. Je ne pense pas que les gens contestent le leadership de M. Duceppe.»

De passage à Québec, M. Duceppe a réagi rapidement à ce revers: «Moi, je trouve que Jean-Claude Rocheleau est une bonne personne, qui ferait un bon député. Maintenant, on a toujours des assemblées d'investiture, contrairement aux autres partis, qui ont des nominations. C'est la démocratie, les militants et militantes décident et on fait face à ça.»

Autre rebuffade

Ce n'est pas la première fois que Gilles Duceppe se fait rappeler à l'ordre par ses militants. En 2000, il avait imposé un candidat dans Chicoutimi-Le Fjord, soulevant la colère d'une partie de l'organisation de la circonscription, dont un militant qui préparait depuis longtemps son investiture, Sylvain Gaudreault. La querelle avait pris des proportions telles que le candidat choisi par le chef, Noël Tremblay, avait finalement perdu l'élection contre son adversaire libéral, André Harvey.