Les conservateurs accusent le Bloc québécois d'abandonner les milliers de travailleurs de l'industrie aérospatiale du Québec en retirant son appui à l'achat de 65 avions F-35 pour les Forces canadiennes.

Gilles Duceppe a indiqué, jeudi, que ses troupes s'opposeraient désormais à l'achat de ces avions militaires destinés à remplacer les CF-18, après que le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, eut conclu que ces appareils pourraient coûter deux fois plus cher que ne le prévoit le ministère de la Défense.

M. Page évalue à 29,3 milliards le coût des avions et de leur entretien pendant 30 ans au lieu des 16 milliards avancés par le gouvernement.

Le Parti libéral a promis d'annuler l'achat s'il prend le pouvoir aux prochaines élections. Il juge que le Canada ne peut se permettre ces appareils alors qu'il doit éliminer un déficit de 45 milliards.

Munitions électorales

Alors que les trois partis de l'opposition menacent de provoquer des élections au printemps, les conservateurs ont manifestement l'intention d'utiliser cette volte-face du Bloc québécois pour l'attaquer durant la prochaine campagne électorale.

«Cette position du Bloc est totalement irresponsable. Le Bloc abandonne cet important secteur de l'économie québécoise et abandonne ainsi des dizaines de milliers de travailleurs et leurs familles, qui comptent sur ces emplois en cette période de relance économique. Le gouvernement conservateur est maintenant le seul à défendre les intérêts des travailleurs du secteur aérospatial du Québec», affirme une note interne remise hier aux députés conservateurs du Québec.

Le gouvernement Harper maintient ses prévisions de coûts malgré les conclusions du directeur parlementaire du budget. Moins de 24 heures après la publication du rapport de M. Page, le premier ministre Stephen Harper est passé à l'offensive en visitant l'entreprise Virtek Vision International, à Waterloo, dont la technologie laser permet d'assembler les F-35 avec rapidité et précision.

«La participation du Canada au programme des avions de combat interarmées se traduit par des emplois durables et de grandes qualités d'un bout à l'autre du pays dans les domaines de la défense, de l'aérospatiale et de la haute technologie. Notre gouvernement est déterminé à doter nos courageux militaires de l'équipement dont ils ont besoin pour défendre notre souveraineté et mener à bien les importantes missions du Canada à l'étranger», a affirmé le premier ministre.

Selon les calculs du gouvernement Harper, le Canada a investi environ 168 millions dans le programme d'ACI jusqu'ici. Cet investissement s'est traduit par des contrats de 350 millions accordés à 64 entreprises, laboratoires de recherche et universités du Canada. Le Canada aurait donc déjà obtenu un rendement égal au double de son investissement.

Réplique bloquiste

Le leader parlementaire du Bloc aux Communes, Pierre Paquette, a affirmé hier que, à la lumière des conclusions de Kevin Page, son parti n'a pas le choix de retirer son appui au programme: «Le rapport a été la goutte qui a fait déborder le vase. D'autant plus qu'il n'y a jamais eu de garantie de retombées pour le Québec, et on sait que, des contrats qui ont été donnés par le gouvernement conservateur depuis qu'il est au pouvoir, le Québec n'a pas eu sa part», a dit M. Paquette.

Le député libéral Marc Garneau a soutenu hier que le Bloc québécois avait «enfin vu la lumière» dans ce dossier.