Le Parti libéral pourrait tenter de faire tomber le gouvernement dès aujourd'hui. Mais ses chances de succès demeurent très incertaines, d'autant plus que le compte à rebours du budget est déjà bien avancé.

Les troupes de Michael Ignatieff considèrent actuellement toutes leurs options quant à la réponse à donner à une décision très attendue du président de la Chambre des communes.

Cette décision, qui pourrait être rendue dès cet après-midi, sinon plus tard cette semaine, porte sur une motion pour outrage au Parlement présentée par le député libéral Scott Brison il y a quelques semaines.

M. Brison a demandé au président Peter Milliken de déclarer que le refus du gouvernement Harper de fournir tous les coûts de sa réforme de la justice criminelle, ses baisses d'impôts aux entreprises et l'achat d'avions militaires, empêchait les parlementaires de faire leur travail.

«S'il y a un jugement négatif, j'aurai des responsabilités à prendre», a déclaré hier le chef libéral, Michael Ignatieff.

«Nous serons très clairs dans notre réponse», a-t-il ajouté.

Deux sources libérales ont confié à La Presse que le parti envisage de présenter une motion de défiance à l'encontre du gouvernement dès la décision connue, si elle est en leur faveur, et de tenter d'en débattre le jour même. Si tous les partis de l'opposition votaient en faveur de cette motion, cela pourrait provoquer des élections.

Le hic, c'est qu'une telle motion serait peu commune. Il est loin d'être certain que Peter Milliken la jugerait recevable. Si le président décidait de mettre cette nouvelle question en délibéré, cela occasionnerait de nouveaux délais.

Or, la semaine prochaine, le Parlement ne siège pas et le dépôt du budget est le mardi de la semaine suivante, le prochain vote de défiance à l'encontre du gouvernement pourrait bien être celui sur ce budget, dans les jours suivant le 22 mars. Sauf si le Parti libéral décide de présenter une motion de défiance à l'occasion de sa prochaine journée d'opposition, le lundi 21 mars.

Une telle offensive des libéraux pourrait néanmoins placer les néo-démocrates dans une position délicate: ils répètent depuis des semaines qu'ils souhaitent voir le budget avant de se prononcer sur la survie du gouvernement.

«On juge un arbre à ses fruits, a déclaré hier le chef adjoint du NPD, Thomas Mulcair. Chaque fois que les libéraux ont eu l'occasion de présenter une motion de défiance auprès du gouvernement et de dire que ça allait être une question de confiance qui ferait tomber le gouvernement, ils se sont dégonflés.»