Depuis qu'il a quitté la politique, en décembre 2003, Jean Chrétien se plaît souvent à dire que l'ancien premier ministre de la Grande-Bretagne William Gladstone est revenu au pouvoir à l'âge de 82 ans.

L'actuel chef du Parti libéral, Michael Ignatieff peut toutefois dormir sur ses deux oreilles. Le «p'tit gars de Shawinigan», âgé de 77 ans, ne prépare pas son retour à Ottawa.

Néanmoins, quelques mois seulement après une délicate opération au cerveau, Jean Chrétien a repris le chemin du bureau... et des pentes de ski.

En plus de se rendre en Arabie Saoudite, en Jordanie, aux États-Unis et en France pour le compte de la firme d'avocats Heenan Blaikie, pour laquelle il travaille, l'ancien premier ministre s'est permis quelques descentes de ski en Mauricie et dans les Laurentides.

«Je suis complètement remis de mon opération. Je travaille chaque jour, comme d'habitude. Je ne suis pas sur le point de prendre ma retraite. Je suis en bonne forme», a dit M. Chrétien à La Presse.

En août dernier, M. Chrétien a subi une opération au cerveau après que les médecins eurent décelé un hématome sous-dural - une accumulation de sang entre le crâne et le cerveau. L'hématome, d'une taille de 3 cm, s'était formé après que M. Chrétien eut fait une mauvaise chute dans un escalier.

Problèmes de santé

Ce n'est pas la première fois que M. Chrétien doit surmonter des problèmes de santé. En 2007, il a subi un quadruple pontage cardiaque. En 1991, il a été opéré pour un nodule à un poumon. Chaque fois, il s'est promptement rétabli, comme il a su le faire au cours de sa carrière politique de près de 40 ans, dont 10 ans comme premier ministre. Il entend bien le faire nouveau cette fois-ci.

«Mon père me disait toujours: «Grouille ou rouille.» Une bonne expression, n'est-ce pas?» a lâché M. Chrétien au bout du fil.

«J'ai fait du ski six fois cette saison. J'en fais au moins une dizaine de fois par année. Mais je pars en voyage en France et je reviens dans deux semaines. J'espère qu'on aura de bonnes conditions de ski à la fin mars et au début avril pour que je puisse en faire encore. Le problème que j'ai, c'est de trouver des compagnons de mon âge!»

Des conseils à Ignatieff

M. Chrétien s'est abstenu de faire quelque commentaire que ce soit sur l'actualité politique, fidèle à son devoir de réserve à titre d'ancien premier ministre. Il s'est contenté de dire que le chef actuel, Michael Ignatieff, sollicite ses conseils à l'occasion. «On se parle de temps à autre. Mais c'est lui le patron et c'est lui qui décide», a-t-il dit.

Toutefois, M. Chrétien s'est permis ce commentaire sur la crise qui secoue le monde arabe depuis quelques semaines: «Quelle sera l'évolution de tout cela? Ce sera soit un autre mur de Berlin qui tombe ou encore l'émergence d'un autre Iran.»

En 1977, M. Chrétien avait rencontré le shah, leader critiqué dans le monde occidental. «À l'époque, il m'avait dit: «S'il m'arrive quelque chose, ce sera pire après.» Tout le monde avait applaudi par la suite le retour de Khomeiny (le chef spirituel de la communauté chiite, en exil depuis 15 ans, NDLR). Mais cela n'a pas été un changement pour le mieux. Alors on ne sait pas comment tout cela va se terminer. Si on se dirige vers la démocratie, ce sera un progrès énorme.»