Les chances que le NPD permette au gouvernement Harper de rester au pouvoir ont monté d'un cran, vendredi, avec l'annonce d'un autre tête-à-tête entre le premier ministre et Jack Layton, à Ottawa, en après-midi.

Le ton des déclarations publiées au terme de la rencontre de 45 minutes, en fin de journée, est empreint d'optimisme: «La discussion était cordiale et respectueuse, a noté le chef du NPD. Le premier ministre n'a offert aucune garantie, mais je suis convaincu que mes propositions ont été entendues et bien comprises.»

«Le premier ministre s'est réjoui d'entendre le point de vue de M. Layton, a quant à lui déclaré le directeur des communications de Stephen Harper. Comme le premier ministre l'a déclaré publiquement, ce n'est pas le moment de tenir des élections opportunistes.»

Les porte-parole des deux formations ont refusé d'en dire davantage.

C'était la deuxième fois que MM. Layton et Harper se rencontraient en tête-à-tête depuis le mois de décembre. Ils se sont aussi parlé deux fois au téléphone. Le chef adjoint du NPD, Thomas Mulcair, a pour sa part rencontré le ministre des Finances, Jim Flaherty, le 2 décembre. Il était lui aussi ressorti optimiste de cette réunion.

En raison de leurs demandes respectives, en apparence inconciliables avec les positions du gouvernement, il semble acquis que le Parti libéral et le Bloc québécois voteront contre le prochain budget. Le NPD demeure donc le meilleur espoir de Stephen Harper s'il souhaite éviter des élections au printemps.

Vendredi, la formation de Jack Layton a réitéré ses propositions: abolir la taxe fédérale sur les factures de chauffage résidentiel; rétablir le programme de rénovation ÉcoÉnergie; augmenter le supplément de revenu garanti; renforcer le Régime de pensions du Canada; donner un médecin de famille aux 5 millions de Canadiens qui n'en ont pas.

La déclaration ne fait toutefois pas mention de l'abolition des baisses d'impôts consenties aux entreprises, l'une des principales revendications du NPD jusqu'ici. Un porte-parole a indiqué que le parti s'y oppose toujours; reste à savoir ce que le NPD ferait d'un budget qui les maintiendrait. Questionné à ce sujet, l'attaché de presse principal du NPD, Karl Belanger, s'est borné à dire: «Nous évaluerons le budget dans son ensemble.»

Préparatifs électoraux

Malgré ces rencontres au sommet, le Parti conservateur se prépare à des élections, au moment où une remontée dans les sondages le place en terrain presque majoritaire. Une lettre envoyée récemment aux députés, ministres et sénateurs québécois, obtenue par La Presse, annonce la tenue de deux séances de formation préélectorale au mois de mars.

Ces réunions, qui se tiendront à Montréal le 12 mars et à Québec le 5, s'adressent «aux candidats, aux directeurs de campagne, aux présidents d'association (...), aux responsables des communications et aux agents officiels».

Le document ne parle pas de la date du scrutin mais, alors que le premier ministre répète sur toutes les tribunes qu'il ne souhaite pas d'élections, c'est l'une des rares preuves qui montrent que ses troupes s'activent bel et bien.

À cet égard, le Parti conservateur emboîte le pas aux autres formations fédérales, qui multiplient les démonstrations publiques de préparatifs semblables depuis quelques semaines.

Le parti de Stephen Harper connaît une remontée importante dans les sondages. Une enquête menée par la maison Ipsos Reid entre le 8 et le 10 février a même placé le PC à un cheveu de la majorité, avec 39% des intentions de vote. Son plus proche rival, le Parti libéral, est loin derrière, à 25%. En règle générale, on estime qu'il faut 40% des voix pour former un gouvernement majoritaire.