En refusant de congédier sa ministre de la Coopération internationale, qui a admis avoir modifié un document gouvernemental, Stephen Harper méprise la démocratie, estime le chef libéral, Michael Ignatieff.

Pour la deuxième journée consécutive, l'ensemble des partis de l'opposition à la Chambre des communes ont réclamé à cor et à cri le départ de la ministre Bev Oda, responsable de l'Agence canadienne de développement international (ACDI), pour avoir induit les parlementaires en erreur dans le dossier de l'élimination du financement de l'organisme chrétien d'aide humanitaire Kairos.

«Nous avons un premier ministre qui laisse une ministre induire la Chambre des communes en erreur et falsifier un document, et au lieu de la réprimander ou de la congédier, il l'applaudit, a lancé M. Ignatieff à la période de questions. On dit que le poisson pourrit par la tête; ici, la pourriture s'est arrêtée au sommet.»

La ministre Oda, en décembre dernier, avait dit qu'elle ignorait qui avait modifié au crayon un document de l'ACDI pour en changer le sens de sorte que Kairos soit privé de sa subvention de 7 millions de dollars. Or, elle a finalement admis lundi, en Chambre, que c'est elle qui avait demandé cette modification, en dépit de l'avis de ses fonctionnaires.

Harper n'en démord pas

Le premier ministre Harper et son leader parlementaire, John Baird, ont continué de soutenir la ministre. Ils ont esquivé la question du processus décisionnel, refusé d'admettre qu'elle avait menti en Chambre et maintenu que sa décision relevait de la prérogative ministérielle.

Les partis de l'opposition, quant à eux, cherchent à utiliser tous les leviers parlementaires disponibles. Ils se sont ligués, hier, pour faire adopter au comité des Affaires étrangères un rapport sur les propos qu'a tenus la ministre Oda en décembre. Le rapport doit être présenté aujourd'hui au président de la Chambre, Peter Milliken.

«On espère que, à la lumière de ces informations, le président Milliken conclura qu'il y a eu atteinte au privilège parlementaire et sanctionnera la ministre, a souligné le député néo-démocrate Paul Dewar. Ça deviendrait difficile pour le premier ministre de continuer à soutenir une ministre qui est reconnue coupable d'avoir porté atteinte au privilège parlementaire. Je ne suis pas sûr qu'il existe des précédents.»