Le front commun Bloc québécois et Parti conservateur se poursuit sur le projet de loi visant à abolir les libérations conditionnelles au sixième de la peine: les deux partis ont voté ensemble lundi pour clore le débat rapidement et imposer le bâillon.

Tous les députés libéraux et néo-démocrates présents aux Communes lundi se sont opposés à cette manoeuvre pour envoyer l'étude du projet de loi sur la voie rapide.

Ils estiment qu'il doit plutôt être étudié en profondeur et que le bâillon va les empêcher de faire leur travail.

La procédure accélérée proposée par le gouvernement - et appuyée par le Bloc québécois - propose de limiter le temps normalement accordé à l'étude d'un projet. Par exemple, l'étude en comité parlementaire, normalement d'une durée quasi illimitée et qui requiert la présence de témoins, va être restreinte à quatre heures.

Après s'être initialement opposé au projet bloquiste à deux reprises, le gouvernement Harper a changé son fusil d'épaule après que le chef du Bloc, Gilles Duceppe, l'ait personnellement enjoint, au premier jour de la rentrée parlementaire, de l'appuyer.

Une nouvelle mouture du projet - renuméroté C-59 - a ainsi été déposée mercredi dernier aux Communes.

Le projet de loi ne vise pas que les criminels à cravate, comme Vincent Lacroix, mais aussi beaucoup d'autres qui ont été condamnés pour des crimes non violents, comme du vandalisme, des vols et des introductions par effraction.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti libéral exigent d'étudier son impact sur tous ceux qui n'ont pas commis des crimes graves et souhaitent apporter des amendements au projet de loi.

Selon le député néo-démocrate Joe Comartin, le projet de loi pourrait empêcher plus de 800 prisonniers par an d'être libérés avant la fin de leur peine. Et il ne s'agit pas que des fraudeurs comme Vincent Lacroix, souligne-t-il.

«Il y a d'autres personnes, certaines qui ont eu des problèmes de dépendance aux drogues mais qui s'en sont sortis, qui ne posent plus de risques à la société. On doit avoir la possibilité de les sortir de prison pour les réhabiliter», a-t-il fait valoir.

Le NPD accuse de plus les conservateurs et les bloquistes de bafouer les règles démocratiques pour se faire du capital politique avec ce projet.

Gilles Duceppe a ainsi répliqué lundi à ceux qui lui reprochent d'imposer un bâillon.

«J'ai trouvé ça un peu drôle parce qu'il y a plusieurs ministres libéraux ici qui ont passé le bâillon quelque fois. M. Mulcair (actuel député du NPD, mais auparavant avec les libéraux de Jean Charest) a fait la même chose à Québec entre autres pour les décrets imposant les conditions au syndicat de la fonction publique», a-t-il rappelé.

Il note avoir présenté le projet de loi pour la première fois en 2007 et avoir auparavant obtenu le soutien des deux autres partis d'opposition. Un appui depuis retiré.

Plus tard lundi soir, les députés devront à nouveau voter pour que le projet soit envoyé en comité. Cette étape devrait être aisément franchie car elle aura à nouveau l'appui des conservateurs et des bloquistes.

Avec le processus accéléré, Gilles Duceppe s'attend à un vote pour adopter le projet de loi mercredi.