Après l'échec essuyé par le Bloc québécois jeudi pour faire adopter de façon accélérée le projet de loi visant à empêcher les criminels à cravate d'être libérés au sixième de leur peine, le gouvernement Harper prête main-forte et s'essaie à son tour.

Lorsqu'il a été temps en Chambre jeudi de décider si le projet serait mis sur la voie rapide à la demande du Bloc, des «non» ont fusé dans les rangs des libéraux et des néo-démocrates.

Ce qui a mis fin à la tentative de procéder de façon accélérée en sautant des étapes, car cela nécessitait un consentement unanime des députés fédéraux.

C'est le Bloc québécois qui avait initié ce projet de loi pour s'opposer aux libérations hâtives des Vincent Lacroix et des Earl Jones de ce monde, après les récents scandales financiers qui ont outré les Québécois.

Après s'être initialement opposé au projet bloquiste à deux reprises, le gouvernement Harper s'est montré ouvert après que le chef du Bloc, Gilles Duceppe, ait traversé la Chambre la semaine dernière pour lui parler directement et l'enjoindre à appuyer son projet de loi.

Le premier ministre lui avait promis de réfléchir et une nouvelle mouture du projet -renuméroté C-59- a été déposé mercredi aux Communes, mais la rare entente entre bloquistes et conservateurs n'a pas abouti jeudi.

Ayant l'appui du gouvernement, le Bloc croyait que le projet serait adopté rapidement mais les libéraux et les néo-démocrates s'y sont opposés.

La Parti libéral est d'accord en principe avec le contenu du projet de loi mais dit souhaiter y apporter certains amendements.

Tel qu'ils l'avaient déjà annoncé, les néo-démocrates insistent pour que le projet suive le cours normal des choses et soit dûment étudié en comité.

«En refusant que ce nouveau projet de loi soit adopté en procédure accélérée, les libéraux et les néo-démocrates ont choisi de donner une chance à d'autres criminels à cravate, dont Earl Jones, d'être libérés après n'avoir purgé qu'une infime partie de leur peine. C'est inacceptable!», a dénoncé après le vote la porte-parole du Bloc Québécois en matière de sécurité publique, Maria Mourani.

Les bloquistes insistent pour que le projet devienne loi le plus rapidement possible car ils calculent que Earl Jones serait admissible à demander sa libération en décembre prochain.

Si C-59 est adopté, le fraudeur ne pourrait plus sortir de prison en n'ayant purgé que le sixième de sa peine.

Pour le néo-démocrate Thomas Mulcair, une loi ne doit pas être adoptée à toute vitesse pour un seul individu comme Earl Jones. Il estime que les lois sont faites pour s'appliquer à tous et leurs impacts doivent ainsi être soigneusement étudiés.

Mais tout n'est pas perdu pour le Bloc: le gouvernement a déjà déposé un avis de motion pour limiter le temps accordé aux diverses étapes d'étude du projet.

La motion devrait être débattue vendredi et le vote pourrait avoir lieu la semaine prochaine.

Celle-ci vise à limiter le temps dédié à chacune des étapes de l'étude du projet de loi.

«Ça assure qu'en l'espace de quelques jours, une semaine, deux semaines, ça serait adopté», a expliqué le leader parlementaire du Bloc Québécois, Pierre Paquette.

«Mais notre première option, comme pour le gouvernement, c'est de trouver un terrain d'entente avec les libéraux et les néo-démocrates pour que ce soit débattu selon un processus convenu entre tous les partis», a-t-il assuré.

Le vote sur la motion du gouvernement n'a pas à être unanime et elle devrait donc être adoptée, vu le soutien du Bloc.