Le gouvernement Harper étudie la possibilité de permettre aux municipalités d'utiliser les revenus de la taxe sur l'essence qu'il leur transfère chaque année pour financer la construction d'un amphithéâtre multifonctionnel comme celui que souhaite mettre en chantier la Ville de Québec.

En tout, le gouvernement fédéral transfère aux municipalités quelque 4 milliards de dollars par année provenant de la taxe sur l'essence. Cet argent doit être utilisé pour financer des projets d'infrastructures comme des routes pour les transports en commun, des ponts, ou des réseaux d'eau. Dans le cas de la ville de Québec, elle obtient environ 30 millions de dollars grâce à ce transfert.

Ottawa devrait toutefois modifier les conditions du transfert de la taxe sur l'essence afin de permettre à des villes qui le désirent de financer des projets tels que la construction d'un aréna.

Mais le maire de Québec, Régis Labeaume, a écarté l'idée de détourner cette somme d'argent qui sert déjà à retaper les infrastructures vieillissantes de la ville de Québec.

«Ça sent l'improvisation. Ce n'est pas de l'argent frais pour la Ville puisque ça nous demande de sacrifier de l'argent déjà prévu pour des infrastructures pour cet équipement», a affirmé Paul-Christian Nolin, attaché de presse du maire de Québec. Les transports en commun aussi écoperaient puisqu'une partie de leur financement provient de ces transferts. «Ce n'est pas une solution. On déshabille Pierre pour habiller Paul», a ajouté M. Nolin.

Chose certaine, cette option aurait permis aux conservateurs de Stephen Harper de régler le dossier du financement du nouveau Colisée à la satisfaction des électeurs de la région de Québec - où se trouve la majorité des 11 sièges qu'ils détiennent dans la province - sans provoquer une levée de boucliers dans le reste du pays.

La ministre des Affaires intergouvernementales, Josée Verner, a pour sa part affirmé que le gouvernement Harper n'avait pas encore obtenu de Québec un plan d'affaires chiffré et crédible pour la réalisation de ce projet.

«Tant qu'on n'a pas le plan d'affaires dans les mains, c'est assez difficile pour nous de diriger le projet vers un type de financement ou non», a dit la ministre. Elle a qualifié de «spéculation» l'idée qu'Ottawa pourrait permettre aux municipalités d'utiliser les revenus de la taxe d'essence pour des projets comme l'amphithéâtre de Québec.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, doit présenter aujourd'hui en conférence de presse le montage financier pour la construction de l'amphithéâtre devant remplacer l'actuel Colisée. Ce montage financier n'inclurait pas le secteur privé ou une participation directe du gouvernement fédéral. Le premier ministre Jean Charest et le ministre responsable de la région de Québec, Sam Hamad, participeront à la conférence de presse.

Selon des informations qui circulaient mercredi soir, le gouvernement Charest accepterait maintenant de payer la moitié des coûts de construction du nouvel amphithéâtre, évalués à 400 millions de dollars. La Ville de Québec, qui a déjà promis d'y injecter 50 millions, augmenterait aussi sa participation financière.

La construction d'un amphithéâtre multifonctionnel est l'un des nombreux projets mis de l'avant par le maire de Québec depuis son arrivée au pouvoir. Il y a quelques mois, le gouvernement du Québec s'était engagé à payer 45% de la facture totale du projet, ce qui voudrait dire environ 180 millions de dollars.

La Ville de Québec a fait pression pendant plusieurs mois pour qu'Ottawa paie le reste, soit 180 millions. Le Bloc québécois exige que cette somme soit incluse dans le prochain budget fédéral. Mais le gouvernement Harper a affirmé à plusieurs reprises qu'il revient au secteur privé de payer la majeure partie de cette facture.