L'ex-commissaire à l'intégrité du secteur public du Canada, Christiane Ouimet, ne s'est pas présentée, mardi, devant un comité parlementaire qui l'avait convoquée pour s'expliquer à la suite d'un rapport accablant de la vérificatrice générale.

En décembre dernier, Sheila Fraser a remis un rapport dans lequel elle blâmait Mme Ouimet pour son comportement abusif envers ses employés mais aussi pour avoir mal fait son travail.

Responsable de recevoir les dénonciations de fonctionnaires et de citoyens qui sont témoins d'irrégularités ou d'actes répréhensibles au sein de la fonction publique, Mme Ouimet n'avait trouvé aucune d'entre elles valables, malgré quelque 200 plaintes depuis 2007.

Les députés siégeant au comité - tous partis confondus - étaient outrés mardi de l'absence de Mme Ouimet, malgré de nombreuses tentatives depuis deux mois pour l'aviser que sa présence était requise devant le comité des comptes publics.

«On va pas se faire niaiser comme cela», s'est insurgé le député libéral Jean-Claude D'Amours, qui siège sur le comité.

Son collègue conservateur était plus que d'accord.

«Ne pas se présenter n'est pas une option», a lancé Daryl Kramp.

«Elle doit rendre des comptes pour le temps qu'elle a occupé ce poste», de renchérir le député néo-démocrate David Christopherson.

L'ex-commissaire n'a ainsi pas répondu aux messages laissés dans sa boîte vocale pour l'aviser de sa comparution, et une lettre envoyée par le président du comité lui a été retournée, a-t-il relaté.

Un huissier a d'ailleurs été incapable de lui signifier l'ordre de comparaître: une femme présente à la résidence de Mme Ouimet - et qui s'est présentée comme sa nièce - lui a déclaré que celle-ci se trouvait à l'extérieur du pays.

Mme Ouimet n'a fait aucune déclaration publique depuis qu'elle a quitté son poste en octobre.

M. D'Amours a laissé sous-entendre que Mme Ouimet - qui a été nommée par le premier ministre Stephen Harper - a peut-être reçu des instructions.

«Est-ce que quelqu'un tente de camoufler quelque chose?», a-t-il demandé, sans toutefois fournir de preuves.

Cette accusation a été promptement rejetée par le conservateur Andrew Saxton, qui l'a qualifiée de «ridicule».

Ne sachant trop que faire, les députés ont tenté, mardi, d'évaluer leurs options légales pour forcer Mme Ouimet à se présenter devant eux pour expliquer ses agissements et ses décisions pendant qu'elle était à la tête du Commissariat.

Ils ont convenu de convoquer Rob Walsh, légiste et conseiller parlementaire à la Chambre des communes, afin de connaître les différentes avenues qui s'offrent à eux.

Christiane Ouimet a quitté ses fonctions peu après avoir livré son troisième rapport en octobre 2010, la semaine même où il a été révélé que la vérificatrice générale avait lancé une enquête sur l'agence.

Elle a été la première commissaire de cette agence fédérale créée par les conservateurs en 2007.

Suite aux critiques qui fusaient de toutes parts, le commissariat a depuis annoncé qu'il allait réévaluer tous les dossiers fermés par Mme Ouimet.

Le Commissariat à l'intégrité du secteur public du Canada a pour but d'offrir un mécanisme sûr et confidentiel aux fonctionnaires fédéraux et aux citoyens afin de leur permettre de divulguer des actes répréhensibles commis au sein du secteur public.

Photo: PC

Christiane Ouimet en 2007.