Le gouvernement conservateur veut renouveler les nominations de deux membres controversés du conseil d'administration de l'organisme Droits et Démocratie, malgré un appel commun des partis d'opposition, qui demandent à Ottawa d'éviter les nominations partisanes.

Les libéraux, les néo-démocrates et les bloquistes ont soutenu mercredi que le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, devrait abandonner ce projet.

Les deux administrateurs, Elliot Tepper et Jacques Gauthier, se sont retrouvés au centre d'une crise, l'année dernière, après avoir été spécifiquement blâmés par des employés pour des présumées attaques sans fondement envers le président de l'organisme.

Rémy Beauregard est décédé d'une attaque cardiaque en janvier 2010, peu de temps après une réunion particulièrement houleuse du conseil d'administration. Aurel Braun, le président du conseil, avait signé, avec MM. Tepper et Gauthier, une évaluation négative du travail de M. Beauregard et avait envoyé le document au gouvernement sans lui laisser la possibilité de le voir.

Ces événements ont poussé 47 employés à envoyer à M. Cannon une lettre exigeant la démission de MM. Tepper, Gauthier et Braun, l'an dernier. La missive critiquait les trois hommes pour leurs actions, qualifiées de harcèlement sans fondement et hargneux par les signataires.

En 2010, le comité parlementaire des Affaires étrangères avait suggéré que le conseil d'administration soit renouvelé à travers un processus de nomination non-partisan.

«Ce que le gouvernement fait est de renouveler les mandats de deux personnes qui étaient responsables de la création de la crise. Ensuite, ils ont l'audace de dire qu'ils veulent que Droits et Démocratie évolue et passe à autre chose», a critiqué Paul Dewar, porte-parole néo-démocrate en matière d'Affaires étrangères.

«Ça rendra simplement les choses plus difficiles.»

Le leader libéral Michael Ignatieff a écrit une lettre à Lawrence Cannon, cette semaine, critiquant le renouvellement des mandats de MM. Tepper et Gauthier.

«Pour redonner à l'organisation son lustre passé, le gouvernement doit restaurer sa tradition d'impartialité, ce qui doit commencer par un processus de nomination non-partisan», a-t-il écrit.

Pour sa part, Gilles Duceppe a indiqué que ces administrateurs devaient être tenus responsables de leurs accusations envers Rémy Beauregard et rapidement remplacés.

«C'est seulement depuis l'arrivée de ces gens que les choses vont si mal. Le gouvernement a le culot de dire qu'il s'agit d'un organisme neutre, alors que les membres de son conseil d'administration sont nommés par le gouvernement», a-t-il lancé.

Droits et Démocratie a été créé en 1988 par les conservateurs de Brian Mulroney, avec pour mission d'encourager la démocratie à l'étranger et de surveiller l'évolution des droits humains sur la planète.