À l'approche du dépôt de son budget, prévu en mars, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a semblé tendre la main au Nouveau Parti démocratique (NPD), dont l'appui pourrait sauver le gouvernement conservateur.

Parmi les demandes de l'opposition en vue du dépôt du budget, les troupes conservatrices se sont déjà montrées réfractaires à accéder à celles des libéraux et des bloquistes.

Mais questionné à savoir quelles priorités des néo-démocrates lui semblaient «attirantes», le ministre Flaherty a évoqué le sort des aînés moins nantis.

Le NPD a réclamé davantage d'aide pour les citoyens âgés du pays, dont plusieurs ne disposent pas de régime de retraite et sont confrontés à une situation économique difficile. Les néo-démocrates souhaiteraient notamment que le Supplément de revenu garanti soit bonifié dans le prochain budget.

L'argentier du gouvernement fédéral a notamment évoqué les difficultés éprouvées par certains aînés célibataires qui ne sont pas admissibles au Régime de pension du Canada parce qu'ils se sont occupés de leur famille à la maison.

«Voilà quelque chose auquel, je suis sûr, tous les Canadiens aimeraient que l'on s'attaque. Et je serais heureux de travailler avec le NPD pour m'attaquer à des enjeux comme celui-là», a noté le ministre.

Prudent, M. Flaherty a cependant poursuivi en disant qu'il serait «heureux de travailler» avec chacun des trois partis d'opposition, par exemple en matière de formation professionnelle.

«Il y a plusieurs mesures précises que nous pouvons étudier avec les partis d'opposition. (...) Ce n'est pas comme si nous ne partagions pas d'objectifs communs en ce qui concerne certains aspects de la reprise économique auxquels il faut s'attaquer», a-t-il argué.

Jusqu'à présent, seul le NPD n'a pas formulé de condition non négociable à son appui au budget de M. Flaherty.

Le chef néo-démocrate s'est cependant défendu, au cours des dernières semaines, d'avoir le sort du gouvernement minoritaire conservateur entre ses mains. Et Jack Layton a refusé de voir une main tendue dans les propos du ministre des Finances, mardi, même s'il a semblé surpris par ces propos.

«Nous avons fait plusieurs propositions pour le budget, pour améliorer le sort des Canadiens (...) et on attend la réaction du gouvernement. (...) Si le gouvernement est prêt à commencer à les regarder, nous accueillons cela favorablement», s'est contenté de dire M. Layton, en citant notamment ses demandes pour les aînés.

Les libéraux ont déjà prévenu qu'ils n'appuieraient pas le budget à moins qu'il ne prévoie l'annulation des réductions d'impôt consenties aux grandes entreprises. Une telle demande a déjà été rejetée par le gouvernement de Stephen Harper, qui soutient que cela nuirait à la création d'emploi.

Du côté du Bloc québécois, le parti a affirmé qu'il rejetterait un budget qui ne prévoit pas une compensation de quelque 2 milliards $ pour le Québec pour l'harmonisation de sa taxe de vente.

Après avoir confirmé la semaine dernière que son énoncé ne contiendrait pas une telle enveloppe, le ministre Flaherty a indiqué, mardi, qu'il était «peu probable» qu'une entente soit conclue ce printemps entre Québec et Ottawa.

«C'est inacceptable. Le Québec a agi en premier lieu et le Québec est pénalisé», a réagi le leader bloquiste, Gilles Duceppe.

M. Flaherty a noté que les discussions entre les deux gouvernements progressent, mais il reste encore «beaucoup de travail à faire», notamment quant à la liste des produits taxés.

«Il y a des différences d'opinion entre les gouvernements. (...) La tâche devant nous, c'est de parcourir toute la liste - c'est laborieux - et de voir si l'on peut s'entendre sur les produits, car il faut qu'il y ait une entente pour qu'il y ait harmonisation», a-t-il dit.

Ottawa fait valoir que contrairement à l'Ontario et la Colombie-Britannique, qui ont obtenu une compensation pour l'harmonisation de leur taxe de vente, le Québec n'a pas suivi le même accord puisqu'il compte toujours deux taxes distinctes.

Cet argument a été repris par le premier ministre Harper aux Communes mardi.

«Pour harmoniser les taxes, on doit n'avoir qu'une seule taxe. On ne peut pas en avoir deux», a-t-il tranché.

À sa sortie d'une réunion avec des économistes du secteur privé mardi, en vue de connaître leurs prévisions économiques, le ministre des Finances s'est de nouveau dit confiant de renouer avec l'équilibre budgétaire dans cinq ans. Et il a réitéré que son prochain budget ne contiendra pas d'importants nouveaux programmes de dépenses, puisque le gouvernement ne compte pas de milliards de dollars en trop.

Les économistes ont maintenu le cap par rapport à leurs estimations de l'automne dernier et ils se sont dits, à l'instar du ministre Flaherty, moins nerveux quant à la situation économique pressentie pour la prochaine année.

Si les conservateurs maintiennent qu'ils élimineront le déficit à moyen terme, le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, de passage en comité parlementaire mardi, a une fois de plus souligné qu'il ne pouvait en être certain.

Faute d'avoir vu le plan de gel des dépenses du gouvernement, qui doit mener à l'élimination du déficit, M. Page a dit qu'il était difficile de se prononcer sur les chances de parvenir à l'équilibre budgétaire. Il a noté que le Fonds monétaire international estimait lui aussi qu'Ottawa accuserait toujours un déficit en 2015, alors que M. Flaherty prévoit le retour aux surplus budgétaires.