Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, refuse de confirmer qu'il votera contre le prochain budget si le gouvernement maintient les réductions d'impôts aux entreprises, tout en répétant que son parti n'a jamais soutenu de budget qui en accordait.

Appelé à se prononcer jeudi au sujet des baisses d'impôts consenties par les conservateurs, qui se profile chaque jour davantage comme un enjeu électoral, le chef du NPD a dit que son parti est contre une telle mesure mais ne veut pas en faire - du moins publiquement - une condition de son soutien au budget.

Le sujet a opposé jusqu'à maintenant dans un bras de fer le gouvernement - qui soutient que ces baisses d'impôts incitent les entreprises à s'installer au Canada et créent ainsi des emplois - et le Parti libéral qui réclame une abolition pure et simple de ce «cadeau» aux riches entrepreneurs.

Pour Jack Layton, de telles baisses d'impôts n'est pas une bonne approche pour soutenir l'économie. Et n'est pas non plus la meilleure façon de créer des emplois.

«Ces entreprises prennent l'argent et après, certaines d'entre elles mettent à pied les travailleurs», a commenté M. Layton.

À Ottawa pour le caucus de son parti, M. Layton a dit qu'il ne veut pas «jouer au poker» avec le prochain budget, prévu pour le mois de mars.

Il a maintenu que son parti n'a pas formulé de «condition essentielle» pour garantir le vote de ses députés en faveur du budget. Le gouvernement n'a ainsi besoin du soutien que d'un seul parti pour éviter le déclenchement d'élections.

Le chef du NPD préfère l'évaluer «de façon globale» pour voir s'il contient suffisamment de mesures pour aider les Canadiens.

Une approche privilégiée par M. Layton qui a laissé entendre qu'en adoptant une ligne dure avec le gouvernement et en posant des conditions, il risque de s'exclure du processus de négociation.

Jeudi, il n'a cependant pas désavoué son député Thomas Mulcair qui a déclaré la veille dans une entrevue qu'il était «fort improbable» que le NPD vote en faveur du budget si les baisses d'impôts sont maintenues.

Tentant de diminuer la portée de cette déclaration, M. Layton a voulu la remettre en contexte.

«N'importe qui regarde nos actions dans le passé - ce qui est la façon d'établir des probabilités - en viendrait à cette conclusion», a corrigé le chef d'un air amusé, plus que conscient de ce que les journalistes tentaient de lui faire dire.

«Nous n'avons jamais supporté de budgets qui contenaient des réductions d'impôts», a-t-il précisé avec fermeté.

Les baisses graduelles d'impôts aux entreprises ont été inclues dans le budget de 2007, qui avait alors reçu le soutien des libéraux. Déjà approuvées par le Parlement, il n'y aura rien à leur sujet dans le futur budget, à moins que le gouvernement ne les annule.

Un changement de cap improbable considérant que plusieurs ministres conservateurs déploient leurs efforts partout au pays - et même à Washington - pour faire la promotion de cette mesure.

Le Bloc québécois ne s'oppose pas à la réduction, considérant qu'elle bénéficie aussi aux petites et aux moyennes entreprises.

Le taux d'imposition corporatif est passé de 18 pour cent à 16,5 pour cent depuis le premier janvier et sera de 15% en 2012.

Sans établir d'ordre de priorité entre ses exigences budgétaires, le NPD demande plutôt au gouvernement Harper d'offrir une augmentation des prestations aux aînés, l'élimination de la TPS sur le chauffage et la remise en vigueur d'un programme de rénovation domiciliaire.

M. Layton croit aussi que les investissements du gouvernement dans les projets d'infrastructures doivent continuer au-delà de ce qu'envisage le gouvernement, pour éviter que la reprise économique ne s'effondre.

Les membres du parti néo-démocrate sont réunis à Ottawa depuis mercredi pour un caucus de trois jours, peu avant la rentrée parlementaire de lundi.