Des élections fédérales semblent de plus en plus probables au printemps, tandis que les positions des partis de l'opposition paraissent inconciliables face à celles du gouvernement Harper.

Le chef libéral, Michael Ignatieff, a réitéré celles de sa formation hier, et tenu un discours électoraliste, au moment de prendre la route pour sa tournée de 11 jours qui le mènera dans 20 circonscriptions au Canada.

«Je n'en souhaite pas; j'anticipe, plutôt, des élections, a-t-il précisé. Je crois que c'est fort possible. Mais ça ne dépend pas que de moi. Ça dépend plutôt de M. Harper.»

Pour l'obtenir l'appui de ses troupes, le gouvernement devra entre autres annuler les dernières baisses d'impôts consenties aux entreprises, a martelé M. Ignatieff, ainsi que revenir sur sa décision d'accorder un contrat de plusieurs milliards de dollars à Lockheed Martin pour la construction d'avions militaires.

Autrement, a-t-il mis en garde, le PLC pourrait bien voter contre le budget et, cette fois-ci, tous ses députés risquent d'être présents à la Chambre des communes. «C'est clair, a-t-il dit. Nous allons faire un choix comme parti et on va travailler ensemble et on va voter ensemble.»

M. Ignatieff est le deuxième leader de l'opposition en autant de jours à ainsi signaler au premier ministre Stephen Harper qu'il ne fera pas de compromis quant à ce qu'il souhaite trouver dans le prochain budget.

Mardi, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a affirmé que sa formation n'appuierait pas le document s'il ne contenait pas les 2,2 milliards de dollars d'indemnisation pour l'harmonisation des taxes du Québec avec celles d'Ottawa.

Les impôts, un enjeu

Quant au NPD, il cache mieux son jeu, d'autant plus que le chef, Jack Layton, et son leader adjoint, Thomas Mulcair, étaient sortis «encouragés» d'une rencontre prébudgétaire avec le ministre des Finances, Jim Flaherty, durant le temps des Fêtes.

Mais, en entrevue avec La Presse, hier, M. Mulcair a clarifié sa position. «Contrairement aux libéraux qui ont appuyé les conservateurs chaque fois qu'ils ont abaissé les impôts des grandes sociétés les plus riches, le NPD a voté contre chaque fois», a-t-il rappelé.

«Il est hautement improbable que le caucus du NPD puisse voter pour un budget qui consent à nouveau aveuglément des baisses d'impôts pour les sociétés les plus riches», a tranché le député d'Outremont.

Or, Stephen Harper a déclaré la semaine dernière qu'il ne comptait pas plier sur la question des basses d'impôts consenties aux entreprises. De même, et comme La Presse le rapportait hier, il y a peu à prévoir que le budget contienne une compensation de 2,2 milliards pour l'harmonisation fiscale.

Tournée d'Ignatieff

Les tournées entamées par tous les chefs de partis de l'opposition, à l'instar de celle Michael Ignatieff, pourraient donc s'avérer un avant-goût d'une campagne à venir dans les prochaines semaines. Le budget fédéral sera déposé d'ici le début du mois de mars.

M. Ignatieff a d'ailleurs donné le coup d'envoi de sa tournée pancanadienne, au Parlement hier, en tenant un discours à saveur électorale.

«Nous allons sillonner le Canada au cours du prochain mois en disant très clairement aux Canadiens: il y a un choix très simple. Vous pouvez avoir quatre années de plus de Stephen Harper ou vous pouvez avoir un gouvernement libéral plein de compassion, modéré et qui se base ses positions sur des preuves tangibles», a-t-il dit.

M. Ignatieff est allé jusqu'à mettre les Canadiens en garde contre un vote de protestation: «Si vous voulez faire un vote de protestation, très bien: votez pour le NPD, votez pour le Bloc. Mais si vous faites cela, vous allez presque assurément vous acheter quatre années de plus de M. Harper. Et le Canada mérite mieux.»